Institutions internationales - Le débat sur les euromissiles - La désunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) - L'enjeu sud-africain
L’attentat dont a été victime Jean-Paul II, l’aggravation de la situation en Irlande, le nouveau drame libanais, les menaces qui s’accumulent sur la démocratie espagnole, les controverses sur les euromissiles, les tensions monétaires, etc. situent les problèmes internationaux sur plusieurs plans. Il est évident que l’attentat contre Jean-Paul II aurait été impensable si le terrorisme, individuel ou organisé, n’était pas devenu une forme normale de la violence : à Rome, le geste s’apparentait plus à l’assassinat de Sadi Carnot qu’à celui de Paul Doumer, puisque Caserio (boulanger anarchiste italien assassin de Sadi Carnot) a justifié son acte par un mobile politique, ce que n’a pu faire Gorgulov (prétendu médecin russe, assassin de Paul Doumer).
Quoi qu’il en soit, cet attentat a, une nouvelle fois, mis en lumière la gravité du terrorisme dans les sociétés modernes. C’est un problème devant lequel les gouvernements et les organisations internationales restent à peu près impuissants, en dépit de leurs appels à la raison et de leurs efforts policiers et juridiques. Mais il est difficile de mettre sur le même plan l’attentat de Rome et les actes terroristes qui affectent régulièrement l’Irlande, l’Espagne ou le Moyen-Orient. Le premier relève du geste individuel (même s’il y a eu des complicités), les seconds relèvent de la guérilla, dont les tactiques sont identiques quelles que soient les motivations politiques. Ces problèmes sont d’autant plus complexes qu’ils comportent parfois des facteurs extérieurs aux pays en cause, et que les protagonistes restent enfermés dans leurs intransigeances. De toute manière, la présence de forces de l’ONU n’a pas empêché la nouvelle flambée de guerre au Liban, et l’idée de l’envoi d’un contingent de l’ONU en Irlande est irréaliste.
Le débat sur les euromissiles
Depuis qu’en décembre 1979 le Conseil atlantique (plus haute instance civile gouvernant l’Otan) décida d’installer, sur le territoire de plusieurs pays européens membres de l’Otan, 108 fusées Pershing II et 464 missiles de croisière pour répondre à la menace représentée par les SS-20 soviétiques, le problème des euromissiles n’a cessé d’alimenter des controverses. C’est un problème extrêmement complexe. L’Europe occidentale vit « au contact » de l’URSS. Les armes à moyenne portée soviétiques peuvent la frapper, mais ne peuvent pas atteindre les États-Unis. En revanche, les armes équivalentes déployées par les États-Unis en Europe viseraient directement l’URSS, et rétabliraient donc l’équilibre. D’où les efforts des Soviétiques pour en empêcher le déploiement : des campagnes de propagande ont appuyé une proposition de moratoire. Ce moratoire ayant été refusé par Washington, la décision dépend des pays européens. L’Italie et la Grande-Bretagne ont dit « oui », la Belgique hésite, les Pays-Bas sont tentés par le « non », la RFA (République fédérale d’Allemagne) voudrait que l’installation des euromissiles aille de pair avec une négociation sur la limitation de ces « armes de théâtre ». Le 5 mai 1981, à Rome, le Conseil atlantique a décidé de reprendre avec l’URSS les négociations sur ces questions : cette reprise pourrait s’engager avec des entretiens Haig-Gromyko (le premier étant le secrétaire d’État des États-Unis, le second le ministre des affaires étrangères de l’URSS) à l’occasion de la prochaine Assemblée générale de l’ONU, en septembre 1981 à New York. Mais cette discussion sur la limitation éventuelle des euromissiles doit s’inscrire dans l’accord SALT (Traité de limitation des armes stratégiques) sur celle des armements stratégiques car, a souligné M. Haig, l’armement nucléaire ne peut être fractionné en fonction de la portée des vecteurs. Ce point de vue a été admis par le président Reagan et le chancelier Schmidt lors de leurs entretiens des 20-23 mai 1981. Le chancelier allemand en a informé le président Mitterrand le 24 mai. La France n’est pas, en principe, concernée par ce problème, qui ne se pose qu’aux pays membres de l’Otan. Mais elle ne peut s’en désintéresser. À plusieurs reprises, M. Mitterrand a dénoncé la menace que représentent les SS-20 soviétiques, tout en souhaitant une négociation d’ensemble sur les armements nucléaires. Mais deux autres questions apparaissent : d’une part, comment cette négociation s’harmoniserait-elle avec celle (qui est dans l’impasse à Vienne) sur d’éventuelles réductions « mutuelles et équilibrées » des forces en Europe et, d’autre part, ne s’étendrait-elle pas à la force française de dissuasion ?
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