Défense à travers la presse
En matière de défense, c’est incontestablement la décision du président Reagan de fabriquer la bombe à neutrons qui a dominé le débat au cours de cet été 1981. D’abord parce que cette initiative a nettement aggravé la crise ouverte avec l’URSS, ensuite parce qu’elle a ravivé au sein de l’Otan la querelle sur le déploiement de cette nouvelle arme, enfin parce qu’elle a mis en évidence, au sein de la majorité en France, les divergences existant entre socialistes et communistes. En de nombreux points on a retrouvé les arguments déjà avancés au cours de la controverse de 1977-1978. Jimmy Carter avait fini par classer le dossier. Pourquoi son successeur a-t-il pris la décision inverse ? Voici l’explication fournie par le général Buis dans Le Nouvel Observateur du 15 août 1981 :
« En annonçant la construction de la bombe à neutrons en plein anniversaire d’Hiroshima et de Nagasaki, Reagan fait militairement un geste minimal, un geste sans signification réelle si on le compare à la mise en chantier aux États-Unis des armes et des lanceurs de la nouvelle génération. À côté de cet arsenal, la bombe à neutrons est, pour ainsi dire, négligeable. Mais, politiquement et psychologiquement, le président américain impose soudain sa détermination face à l’agitation des Soviétiques. Ceux-ci en sont à ce point marris qu’ils ne trouvent, pour qualifier les Américains, que l’adjectif absurde d’anthropophages. C’est que, après quatre ans de campagne forcenée, ils se sont mis dans la situation des Pères du concile de Trente jetant l’anathème sur l’arbalète. À force d’avoir dramatisé la question de la bombe N, ils ont en quelque sorte déterminé Reagan à la mettre en chantier. Dans la théorie des relations internationales, cela pourrait s’inscrire au chapitre, déjà fourni, des effets boomerang. »
Toujours est-il que le parti communiste français a aussitôt déclenché dans les colonnes de L’Humanité une vaste campagne où les commentaires étaient accompagnés de toutes les protestations émises en France comme en Europe. Retenons la prise de position de Gaston Plissonnier dans L’Humanité du 11 août 1981 :
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