Défense à travers la presse
S’il n’y avait eu, en septembre, le plan de modernisation des forces stratégiques américaines, les problèmes de défense auraient été absents dans la presse française. Au mieux aurait-on pu faire écho à l’approbation générale qui a suivi l’allocution du Premier ministre, M. Pierre Mauroy, à l’ouverture de la session annuelle de l’IHEDN (Institut des hautes études de Défense nationale). Un consensus qui n’est aucunement négligeable, d’autant moins qu’il reste toujours préférable que les questions de Défense nationale ne soient pas l’occasion de déchirements internes. Il n’en est pas toujours ainsi et on le constate actuellement chez nos voisins de l’Alliance atlantique (Otan). Leur tendance au neutralisme aura d’ailleurs sa place dans cette chronique.
Donc, pour la première fois depuis les années 1960, un président américain décide de renforcer simultanément les trois éléments de l’arsenal stratégique des États-Unis de manière à faire face à l’accroissement de la capacité nucléaire soviétique. Une décision qui fait suite à plusieurs mois d’hésitation et qui est prise au moment où Washington et Moscou s’accordent pour reprendre les négociations sur les euromissiles, au moment aussi où l’Union soviétique (URSS) bénéficie du déblocage de 15 millions de tonnes supplémentaires de céréales pour amenuiser son déficit agricole. On trouve réunies de la sorte les conditions d’un marchandage planétaire que Pierre Beylau résume dans Le Quotidien de Paris du 24 septembre :
« Fidèle au principe du linkage, la Maison-Blanche entend s’en tenir à la ligne de conduite fixée par les théoriciens de l’équipe Reagan : la négociation ne peut être que globale, la Détente n’est pas divisible. Les trois axes de la diplomatie américaine sont clairs : reconquérir la supériorité militaire (ou du moins une parité approximative), obliger l’URSS à une certaine retenue dans le domaine des relations internationales, maintenir avec Moscou un dialogue fondé sur un équilibre des forces et non sur la faiblesse du camp occidental. Estimant que la Détente a démobilisé psychologiquement l’Amérique, l’a conduite à des concessions politiques et finalement à une position défensive, les stratèges américains en reviennent ipso facto à la théorie du containment (stratégie adoptée par les États-Unis pour stopper l’extension de la zone d’influence soviétique) en vigueur dans les années 1950. »
Il reste 80 % de l'article à lire