Afrique - Namibie : cherche-t-on à justifier l'immobilisme ? - Un an après, l'intervention libyenne au Tchad n'a rien réglé
À première vue, et sans vouloir juger de l’opportunité de l’événement, l’opération Protea menée par l’Armée sud-africaine dans le Sud de l’Angola, paraît viser un triple objectif. En premier lieu, il fallait détruire les sanctuaires de la SWAPO (Organisation du peuple du Sud-Ouest africain) équipés par l’Union soviétique de missiles qu’il convenait de neutraliser ; Pretoria cherche d’ailleurs à justifier son action en soulignant l’intervention soviétique. Le second objectif est moins avouable mais tout aussi clair : avant même que la nouvelle administration des États-Unis ait pu approfondir sa connaissance des dossiers internationaux, l’obliger à prendre position sur la lancée des thèmes développés durant la campagne électorale du président Reagan ; ce calcul pourrait être rapproché d’un des buts poursuivis par Israël lors de la destruction des installations palestiniennes du Liban. Le troisième objectif est aussi concret que le premier, mais les résultats obtenus ne pourront se mesurer qu’avec le temps. Il aurait visé, selon certains experts, à permettre à l’UNITA (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola) d’étendre sa zone opérationnelle à la région située immédiatement au nord du pays Ovambo afin d’isoler la SWAPO dans le sud de l’Angola et d’accroître l’insécurité de ses voies de communication, dans le dessein de retarder la reconstruction des sanctuaires détruits. Si le premier objectif paraît avoir été atteint, le second l’est peut-être également ; quant au troisième, il est fonction de la situation intérieure de l’Angola : l’UNITA a certes besoin de l’aide sud-africaine mais son action s’inscrit dans un contexte angolais, et la politique qu’elle entend mener a d’autres ambitions que d’aider l’Afrique du Sud à maintenir son influence en Namibie.
De précédentes chroniques ont permis d’analyser les causes des désordres de l’Angola et des troubles de Namibie. Elles ont conduit à faire plusieurs observations. Premièrement, l’UNITA d’un côté, la SWAPO de l’autre, luttent contre des gouvernements en place. Là s’arrête la ressemblance, car si la première ne reconnaît pas le droit à une fraction minoritaire de la population de s’appuyer sur des forces étrangères pour se maintenir au pouvoir, l’autre est le premier mouvement de libération d’une ancienne colonie allemande qui, confiée par la SDN (Société des Nations) puis l’ONU à une puissance mandataire, était administrée par celle-ci comme partie intégrante de son territoire. Il s’agit donc apparemment pour l’une d’un problème intérieur, pour l’autre d’une action de décolonisation. Pourtant, les membres de l’UNITA estiment qu’ils luttent, autant que le fait la SWAPO, contre les interventions étrangères dans les affaires intérieures de leur pays : quant aux partis politiques, constitués sur le tard en Namibie afin de promouvoir une indépendance sans désordre et sans rupture avec Pretoria, ils accusent la SWAPO d’être l’instrument des pays socialistes et de vouloir imposer à leur jeune État une idéologie qui ne leur convient pas.
Deuxièmement, l’UNITA et la SWAPO représentent, dans leurs pays respectifs, les ethnies dominantes, celles dont les autres tribus peuvent craindre l’hégémonie. Le cas des Ovambos (SWAPO) est d’ailleurs plus sensible que celui des Ovimbudus (UNITA), mais l’analogie mérite tout de même d’être soulignée.
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