La dernière semaine d’octobre 1981 était placée sous le signe du désarmement. Elle a perdu, cette année, son caractère routinier pour prendre une ampleur exceptionnelle dans l’ensemble des pays de l’Otan. À l’appel du Mouvement pour la paix (une organisation pacifiste crée en 1948) et des partis communistes, écologistes et godillots du pacifisme ont défilé dans les grandes capitales. Cela rappelait le fameux Appel de Stockholm auquel je dois, jeune étudiant à Paris, une mémorable rossée, place de l’Odéon, pour avoir refusé de le signer, en arguant de l’inanité de mon paraphe contre tout danger nucléaire.

Depuis lors, le président Kekkonen (président de la République de Finlande depuis 1956), qui vient de démissionner, avait voulu nous enseigner qu’il ne fallait jamais dire non à l’URSS, mais bien faire en sorte que Moscou dise toujours oui à vos initiatives. C’est ce qui vient de se passer en Europe occidentale. Il est vrai que cette semaine du désarmement avait été précédée du coup de clairon de Ronald Reagan sur la possibilité d’un affrontement nucléaire en Europe sans risque pour les deux superpuissances [NDLR : voir notre chronique « Faits et dires » qui rétablit la véritable portée de cette déclaration en lui rendant sa dimension dissuasive] ! Ces propos, bien qu’aussitôt atténués, firent monter le rouge de l’indignation au front des neutralistes. La presse a consacré de nombreuses pages à ces manifestations qui surprirent l’Occident, accrurent le malaise politique entre les États-Unis et leurs alliés de l’Otan et mirent dans l’embarras plus d’un gouvernement.

Le journal Libération s’est particularisé par une longue série d’articles, réunis sous le titre « l’Europe au cœur de la 3^e Guerre mondiale », d’un intérêt très nettement supérieur à ceux de ses confrères et d’un sérieux qui mérite l’estime. Mais c’est par un sondage du Journal du dimanche que nous commencerons ce survol de la presse. Le 11 octobre, il affichait en effet ce titre : « Les Français tentés par le pacifisme », avec ce commentaire :