Afrique - Mozambique : des dépendances contradictoires - Déjà paralysée, l'Organisation de l'unité africain est-elle au bord de l'éclatement ?
Le Mozambique tire son intérêt international actuel des critères qui ont présidé à sa naissance, au XIXe siècle. Profitant de la rivalité des puissances européennes dans cette partie d’Afrique, les Britanniques s’efforçaient alors d’empêcher les Allemands du Tanganyika de faire jonction avec les Boers du Transvaal. Par le Traité de Berlin de 1885, ils obtinrent la reconnaissance de leurs droits, et de ceux du Portugal qu’ils protégeaient, sur la région située au Sud de la Rovuma, fleuve qui sépare la Tanzanie du Mozambique. Une convention luso-britannique de 1891 fixa les frontières des zones d’expansion respectives des deux États, mais elle donnait à Londres des privilèges en matière de communications et d’installations portuaires sur le territoire appelé à devenir le Mozambique, territoire que Lisbonne avait placé sous administration directe et dont la pacification ne fut achevée qu’en 1923. De cette manière, les puissances rivales des Britanniques avaient pu s’estimer satisfaites d’avoir coupé les pays séparant le Transvaal du Tanganyika et contrôlés par la Grande-Bretagne, de leurs débouchés vers la mer, puisque ceux-ci étaient confiés à une puissance de second plan sur laquelle, à l’occasion, elles seraient capables d’exercer des pressions. Les Britanniques, de leur côté, avaient jugé que le compromis leur était favorable, les bonnes relations qu’ils entretenaient avec le Portugal les laissant libres d’organiser au Sud de la colonie allemande et au Nord du Transvaal une zone d’influence aux économies interdépendantes. Ils étaient surtout satisfaits d’avoir privé le Transvaal de tout débouché qui ne fût pas placé, directement ou non, sous leur dépendance.
Après la guerre du Transvaal et l’installation en Union sud-africaine d’un gouvernement anglo-boer contrôlé par Londres, l’organisation de cette zone tendit vers une autre fin : cloisonner une partie de l’empire afin de circonscrire les rivalités potentielles ou d’en contenir l’expansion d’une fraction aux dépens des autres et d’un équilibre d’ensemble. Durant la dernière décennie du XIXe siècle, le Colonial Office s’était installé au Nyassaland, l’actuel Malawi, et la British South Africa Company, société dirigée par Cecil Rhodes, dans le territoire appelé à devenir, en se divisant, le Zimbabwe et la Zambie. La couronne n’acquit des droits sur ce territoire qu’en 1924 et lui octroya deux régimes différents : au Sud du Zambèze, l’autonomie interne fut accordée aux colons des Hautes-Terres ; au Nord du fleuve, le pouvoir central fut confié à un gouverneur britannique assisté d’un conseil consultatif dont les membres, en majorité nommés, représentaient la population européenne. Dans ce dernier cas, l’intention de la puissance coloniale était manifestement de préserver les droits des Africains.
De 1925 à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Londres chercha à doter ces pays de personnalités différentes dans les domaines politique et économique. Les populations et les propriétés africaines furent mieux protégées par la législation au Malawi et en Rhodésie du Nord (Zambie). Une liberté de plus en plus grande fut accordée aux colons de Rhodésie du Sud (Zimbabwe). Les Anglais contribuèrent à développer les ports et les chemins de fer du Mozambique qui tira son principal revenu des transports effectués pour le compte des possessions britanniques voisines. Ainsi, le Malawi fut relié par fer aux ports de Nagala et de Beïra (Nord et centre du Mozambique), la Rhodésie à Beïra et à Lourenço Marqués (Sud du Mozambique), ce dernier port desservant également le Basutoland (Botswana), le Transvaal, le Swaziland (Ngwane) et le Lesotho. Le trafic de la Rhodésie du Nord parvenait aux ports mozambiquais par l’intermédiaire du Nyassaland (Malawi) ou de la Rhodésie du Sud (Zimbabwe).
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