Défense en France - « Une loi de programmation peut en cacher une autre » ou « du bon choix des critères de décision »
Après le problème du coût des effectifs auquel était consacrée notre précédente chronique, examinons aujourd’hui celui des équipements possibles pour le futur modèle d’armée qui servira de base à la Loi de programmation militaire 1984-1988. Compte tenu des coûts importants des matériels modernes et de la dérive spécifique de leurs prix (on l’estime en général à 3 % plus élevée que celle des autres secteurs industriels) le gouvernement devra nécessairement faire des choix. Il ne pourra le faire qu’en se référant à des critères politiques, au sens le plus élevé du terme, qui sont de sa seule responsabilité. Nous ne visons ici qu’à évaluer les ordres de grandeur des implications financières de ces choix.
Quelques remarques préalables s’imposent. « Natura non facit saltus », disait Leibnitz. L’aphorisme reste vrai en matière de défense : on ne change pas de stratégie tous les cinq ans. Le passé engage plus ou moins l’avenir et la continuité doit l’emporter sur le changement sous peine de conduire à l’incohérence. La sécurité de la France, M. Charles Hernu, ministre de la Défense, l’a encore rappelé le 17 décembre 1982 lors de son voyage dans l’Armée de terre à Épinal et à Saint-Dié, continuera à reposer sur la dissuasion.
On note toutefois des nuances nouvelles sur ce thème de la dissuasion. On insiste aujourd’hui sur son caractère global, signifiant ainsi qu’elle est la résultante du jeu de toutes les forces, qu’elles soient nucléaires ou conventionnelles. Toutes sont liées par la finalité de faire peser sur l’agresseur la menace d’un enchaînement dont le terme sera fatal même si subsiste une marge d’incertitude sur les degrés de ce processus et en particulier sur la localisation du seuil nucléaire. La notion de sanctuaire demeure mais ses frontières s’estompent et la stratégie du tout ou rien est – heureusement – récusée.
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