Afrique - Au Maghreb, les dissensions s'atténuent - Désaffection de l'Afrique modérée pour le mouvement des non-alignés
En juillet 1982, l’échec du Sommet de l’OUA (Organisation de l’unité africaine) à Tripoli, Sommet qui devait consacrer le libyen Mouammar Kadhafi comme président en exercice de l’OUA pour les 12 mois à venir, a été causé par l’admission inconsidérée et mal acceptée de représentants de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) aux travaux de la réunion. Le refus de recevoir les Sahraouis s’est transformé, de juillet à novembre 1982, en hostilité déclarée à l’égard du président libyen d’une fraction de l’Afrique, appelée « tiers bloquant » par les observateurs, et comprenant essentiellement des États francophones. Annulé à nouveau en novembre 1982, ces États s’étant déclarés solidaires du gouvernement tchadien de M. Hissène Habré qui avait refusé de se retirer volontairement de la Conférence, le sommet pourrait se tenir en mai ou juin 1983 à Addis Abeba, siège de l’OUA : du moins, tel est le souhait formulé à l’unanimité par un comité des douze, présidé par M. Daniel Arap Moi, qui continue à exercer la présidence en exercice jusqu’à la désignation d’un successeur (1).
Durant les mois écoulés depuis juillet 1982, le temps n’a pas travaillé pour le colonel Kadhafi. Le rapprochement de l’Algérie avec le Maroc et la Tunisie, consacré par un premier texte signé par Alger et Tunis, le 19 mars 1983 qui fait suite à l’entrevue du roi Hassan II et du président Chadli Bendjedid, souligne l’isolement du colonel Kadhafi dans le Maghreb. Il est possible également que l’on découvre, à l’occasion des prochaines réunions de l’OUA, que les États qui soutenaient la RASD le faisaient par sympathie pour la politique algérienne plus que par solidarité avec la Libye et que l’Algérie elle-même, afin de préserver les amitiés qu’elle a su nouer parmi les pays africains de toutes tendances, ne souhaite pas provoquer l’éclatement de l’OUA.
Le rapprochement avec la Tunisie marque le terme d’une série de malentendus qui, pendant plusieurs années, avaient provoqué la méfiance de Tunis et l’agacement d’Alger ; il ouvre des perspectives intéressantes. Le fait que le roi du Maroc et le président Chadli aient pu se réunir, même si ce résultat a été obtenu grâce à des entremises étrangères, est autrement plus surprenant. Il signifie en premier lieu que la conjoncture internationale devient plus favorable à la négociation qu’à la guerre, que la situation intérieure des deux partenaires réclame une grande attention, enfin que Rabat, conforté par des succès diplomatiques et militaires, serait à l’occasion capable d’accepter de négocier des compromis, du moins avec l’Algérie sinon avec la RASD.
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