Faits et dires
* Laissez-moi partager avec vous une vision de l’avenir qui offre l’espoir : c’est que nous nous lancions dans un programme destiné à contrer la terrifiante menace des fusées soviétiques par des moyens défensifs. En attendant d’y parvenir, nous continuerons à rechercher de réelles réductions des armes nucléaires… Cela ne réduira en rien l’engagement américain envers l’Europe occidentale. Nos intérêts sont inextricablement liés.
Ronald Reagan,
le 23 mars 1983, à la TV
* Si l’on pouvait découvrir et mettre au point une arme défensive qui réduise l’utilité des fusées nucléaires, et même les rendre désuètes, un prochain président des États-Unis pourrait choisir plusieurs options et pourrait même offrir de fournir le même système aux Soviétiques pour leur prouver qu’il n’est plus d’aucun intérêt de conserver des missiles offensifs.
Idem, le 29 mars 1983
* Ce que le président espère voir sortir de la recherche et du travail de mise au point est une méthode de destruction des missiles balistiques de façon à sauver le monde du fléau que constituent ces armes.
Caspar Weinberger,
le 24 mars 1983, à Madrid
* L’intention de s’assurer la possibilité de destruction des systèmes adverses par l’intermédiaire de défenses antibalistiques constitue une tentative de désarmer l’Union soviétique confrontée à la menace nucléaire américaine.
Youri Andropov,
le 26 mars 1983
* Euromissiles : si les Soviétiques ne veulent pas accepter maintenant l’élimination totale de ces armes, j’espère qu’ils vont au moins se joindre à nous dans un accord intérimaire qui réduirait substantiellement ces forces à des niveaux égaux des deux côtés… Nous sommes prêts à négocier un tel accord aux termes duquel les États-Unis réduiraient le déploiement prévu de Pershing-II et de missiles de croisière pourvu que l’Union soviétique réduise le nombre des ogives sur les missiles INF (Intermediate-Range Nuclear Forces) à plus longue portée et cela à un niveau égal sur une base mondiale.
Ronald Reagan,
le 30 mars 1983
* Des responsables américains ont précisé que les États-Unis n’avanceraient aucune proposition chiffrée sur le niveau de cette solution intérimaire sans consulter leurs alliés.
* L’option zéro n’est pas accessible parce que les Russes disent non et, même si elle reste la solution idéale, il ne faut pas en faire un dogme.
Joseph Luns, 20 mars 1983,
à la TV belge
* Les pays de l’Otan, à l’exception de la Grèce, ont officiellement accueilli avec satisfaction la nouvelle proposition du président Reagan à laquelle ils apportent leur appui.
Bruxelles, le 31 mars 1983
* La solution intérimaire de M. Reagan est inacceptable. Elle n’ouvre pas la voie à un accord. Ce n’est pas le chemin de la paix. Il s’agit d’un simple habillage de l’option zéro. L’URSS prendra des mesures pour défendre ses intérêts légitimes si l’équilibre est rompu.
Andreï Gromyko,
conférence de presse du 2 avril 1983.
* Avant même ce net refus du chef de la diplomatie soviétique, plusieurs déclarations avaient laissé entendre que l’URSS n’était pas disposée à faire des concessions :
– Le 9 mars 1983, l’agence Tass : les espoirs que les États-Unis et l’Otan pourront déployer de nouveaux missiles de moyenne portée en Europe occidentale et que les négociations de Genève se poursuivront sont illusoires.
– Le 17 mars 1983, la Pravda : si l’Otan déploie de nouvelles armes l’URSS devra installer des missiles supplémentaires non seulement en Europe mais aussi à proximité des frontières américaines.
– Le 17 mars 1983, le maréchal Ogarkov au New York Times : si les États-Unis utilisaient des missiles en Europe contre l’Union soviétique, il n’est pas logique de croire que nous ne répliquerions que contre des cibles en Europe. Il ne serait pas possible de s’en tenir à une guerre limitée. Une telle guerre dégénérerait inévitablement en guerre totale.
– Le 23 mars 1983, l’agence Tass : il n’y aura pas d’accord sur la réduction des missiles en Europe si les missiles français et britanniques ne sont pas pris en compte comme faisant partie intégrante de l’arsenal occidental et si de nouveaux missiles américains sont déployés comme prévu à la fin de l’année.
* Il faudrait parvenir à des arrangements permettant une réduction importante du nombre des missiles et qui ouvrirait la voie à l’élimination totale des missiles nucléaires en Europe. Avant que cet objectif soit atteint, nous pensons qu’il faut accepter des solutions intermédiaires.
Président Ceausescu,
le 30 mars 1983.
* La défense de notre pays est fondée sur une dissuasion globale. Notre armée de terre et singulièrement notre corps de bataille en constituent un élément essentiel. Ils continueront de l’être.
Général Imbot, Chef d’état-major
de l’Armée de terre, le 10 mars 1983