Afrique - Les pays de la ligne de front - La Cnuced (Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement) et l'asphyxie des pays en développement
Les États qui se regroupent sous l’appellation « pays de la ligne de front » bordent les frontières de la République Sud-africaine. C’est leur seul trait commun. Ils se sont déclarés solidaires, sous le couvert de l’OUA (Organisation de l’unité africaine) puis de l’ONU, des populations noires encore soumises à l’autorité des communautés blanches qui, selon eux, détiendraient leur pouvoir d’une survivance anormale du système colonial. L’analyse du problème sud-africain est en réalité plus complexe mais la motivation des gouvernements de ces pays se fonde sur un sentiment légitime de solidarité de leurs populations avec des frères d’infortune auxquels elles désirent apporter les libertés politiques qu’elles ont réussi à acquérir plus facilement. Cependant, l’aide donnée aux différents mouvements de libération de Rhodésie et d’Afrique du Sud a provoqué les réactions des autorités de Pretoria ; c’est pourquoi aujourd’hui, l’hostilité des pays de la ligne de front semble moins d’origine idéologique ou sentimentale ; elle paraît se justifier surtout par la crainte que leurs dirigeants ressentent d’être confrontés à des tentatives de déstabilisation d’inspiration sud-africaine. Leur activité, d’ailleurs relative, semble donc se fonder sur la nécessité d’avoir à se défendre par la seule arme qui puisse leur donner quelque poids mais qui n’assure pas leur sécurité.
En bonne logique, cette « agressivité de défense » ne conduira à aucun résultat concret mais elle peut favoriser l’ouverture de négociations. Ces pays aimeraient que de telles discussions soient globales et comportent des représentants des communautés noires d’Afrique du Sud, mais il est certain que Pretoria ne consentira à les ouvrir, compte tenu de sa puissance sur le terrain, que de manière bilatérale afin que chaque État règle avec lui les seuls contentieux de deux partenaires souverains. La situation diplomatique prévalant dans cette partie de l’Afrique n’est donc pas sans rappeler la position prise par les pays arabes et Israël à l’égard des problèmes qui les concernent, les premiers réclamant une discussion d’ensemble, les Israéliens préférant négocier des accords bilatéraux avec leurs voisins pour éviter qu’un débat général ne déborde sur les questions fondamentales ou même ne soit capable de traiter que ce genre de problème là.
Dans leurs rapports avec Pretoria, les pays de la « ligne de front » se rangent en trois catégories. Dans la première se trouve la seule Tanzanie qui n’a pas de frontière commune avec la République Sud-africaine mais qui s’est engagée envers l’OUA à parachever la décolonisation du continent. La seconde regroupe le Mozambique, l’Angola et le Zimbabwe, jeunes États africains sur l’équilibre politique desquels le gouvernement sud-africain peut avoir une action directe. Viennent enfin le Botswana et la Zambie dont seuls les liens économiques avec Pretoria limitent la liberté d’action en faveur des mouvements de libération et que, pour cette raison, nous ne traiterons pas. Les interdépendances économiques, établies entre les pays de cette zone pendant l’époque coloniale, sont beaucoup plus tangibles et contraignantes que dans le Proche-Orient puisque, mise à part la Tanzanie, tous les États appartenant à la « ligne de front » ne peuvent abandonner leurs relations « techniques » avec l’Afrique du Sud.
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