Défense à travers la presse
L’été qui vient de s’achever n’a pas manqué de sujets de réflexion sur les problèmes de sécurité : il y a eu la reprise de la guerre au Tchad mais les commentaires, et on peut le comprendre, ont généralement été passionnels ; il y a eu aussi la dégradation de la situation à Beyrouth et là encore l’analyse a souvent cédé le pas aux prises de position partisanes ; il y a eu l’anniversaire de la bombe d’Hiroshima qui a fourni l’occasion de rassemblements pacifistes et de réquisitoires contre l’armement nucléaire, les plus modérés exigeant le gel.
C’est ainsi que Jean Toulat, dans Le Monde du 5 août 1983, souhaite que « puisse grossir la vague en faveur du nuclear freeze, car faute de ce gel, le monde flambera ! » Trois jours plus tard, dans Témoignage chrétien du 8 août 1983, notre auteur s’avance prudemment avec cette conclusion : « car faute de ce gel, le monde risque de flamber… ». Le risque se substitue à l’apocalypse et le point d’exclamation est remplacé par des points de suspension. Bref, l’analyse s’est affinée. Certes, il n’est sans doute pas facile de garder les nerfs en repos lorsque l’on considère le surarmement des deux Grands, mais il est des contorsions que la raison réprouve. Parmi celles-ci, il y a ce que Thierry Maulnier appelle, dans Le Figaro du 13 août 1983, l’agitation pacifiste en Europe :
« Le bien vaut mieux que le mal. La paix vaut mieux que la guerre… Mais nous savons bien que les manifestations antinucléaires qui se succèdent et qui vont se multiplier dans les prochains mois n’ont lieu que dans les pays du monde occidental… Or les fusées intermédiaires américaines n’ont pas d’autre raison d’être que de répondre à la menace des SS-20 soviétiques dirigés vers l’Ouest et qui sont en place sur leurs aires de lancement depuis quand, au fait ? En dehors des spécialistes, qui connaît la date où les premiers SS-20 ont été mis en batterie face à l’Europe, face à nous ? Quels défilés, quels cortèges, quels manifestes, quels rassemblements protestataires ont imprimé dans nos mémoires la date de l’apparition de ces armes nouvelles ? Certes, on condamne aussi, discrètement, les SS-20. Mais qui ne voit qu’il s’agit là d’une de ces finesses de la fausse symétrie, familières aux manipulateurs de l’opinion mondiale ? ».
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