Défense à travers la presse
N’était la Conférence de Stockholm qui permet aux moins sceptiques d’afficher quelque optimisme, les premières semaines de cette année 1984 auraient été teintées de grisaille. Et disant cela, je serai sans doute accusé de trop tempérer les impressions de ceux qui auront jugé utile de se faire peur en allant voir sur nos écrans le film américain Le jour d’après (1983) de Nicholas Meyer. Comme le notait Le Figaro de Beaumarchais : « Quand on cède à la peur du mal, on ressent déjà le mal de la peur ». Et ce dernier est plus paralysant que le danger qu’on fait arbitrairement planer. Auparavant, jetons un regard sur la manière dont nos confrères perçoivent cette conférence sur le désarmement en Europe dont la première phase s’est ouverte à la mi-janvier.
Dans Le Quotidien de Paris du 17 janvier 1984, Philippe Marcovici commence par dresser le bilan des conférences qui ont précédé le rendez-vous de Stockholm :
« Helsinki n’aura servi qu’à ratifier, ou plutôt amplifier Yalta. Belgrade n’aura servi qu’à montrer qu’Helsinki n’était qu’une duperie. Madrid n’aura servi qu’à donner quitus aux Soviétiques de l’invasion de l’Afghanistan (1979), de la répression en Pologne (1980) et de la destruction du Boeing 747 sud-coréen (1983). Voilà qui laisse mal augurer de cette conférence de Stockholm… Que les ministres des Affaires étrangères occidentaux feignent de l’ignorer ne change rien au fait que les Soviétiques sont à Stockholm parce que cela sert leur propagande et pour rien d’autre… La volonté de dialogue des Soviétiques ? Ils ont prouvé ce qu’en valait l’aune en rompant unilatéralement les négociations en cours à Genève et à Vienne. La volonté de paix des Soviétiques ? Ils ont prouvé ce qu’en valait l’aune en envahissant l’Afghanistan, après la Hongrie et la Tchécoslovaquie ; en réprimant la Pologne et en abattant un avion de ligne désarmé. La volonté de détente des Soviétiques ? Ils ont prouvé ce qu’en valait l’aune en hérissant leurs frontières de centaines de SS-20 alors qu’en face n’existait aucune arme comparable. »
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