Défense en France - L'entente franco-allemande face au défi stratégique et technologique
Le grand événement de la défense en ce début d’été 1985, c’est la création à Nancy, le 1er juillet, de la 4e Division aéromobile (DAM). La Force d’action rapide (FAR) reçoit ainsi en toute propriété son noyau d’unités les plus performantes quant à la mobilité, la rapidité et la portée immédiate de l’intervention (350 kilomètres) et quant à la puissance de feu antichar : 3 régiments d’hélicoptères de combat et 1 régiment d’hélicoptères de commandement, de manœuvre et de soutien avec son complément naturel héliporté, le 1er Régiment d’infanterie de Sarrebourg.
Ce regroupement s’opère certes, dans l’immédiat, au détriment des corps d’armée qui cèdent à la 4e DAM leurs régiments d’hélicoptères, mais ce n’est là qu’une spoliation provisoire puisqu’ils verront leurs parcs d’hélicoptères se reconstituer au fur et à mesure de la production de nouveaux appareils. Ce qui est plus important, c’est que cette masse aéromobile soit maintenant d’un seul tenant, au cœur du 1er corps d’armée, sur l’axe Leipzig-Metz, le plus dangereux parce qu’il permettrait à un ennemi débouchant du Thüringer Wald (forêt de Thuringe) de parvenir rapidement sur le Rhin à Mayence, et de séparer ainsi les 1er et 2e groupes d’armées alliés. Cette masse de feux héliportée peut aussi bien être projetée sur d’autres directions où la menace blindée pourrait surgir, en Westphalie ou en Bavière, mais aussi vers des théâtres périphériques, en Méditerranée par exemple, avec bien entendu l’appui de la Marine et, dans tous les cas, avec celui des forces aériennes tactiques ou de l’aéronavale.
Cette capacité d’intervention immédiate, significative de l’engagement d’une puissance nucléaire continentale aux côtés de ses alliés, est de nature à conforter les liens qui n’ont cessé de se tisser depuis le Traité de l’Élysée (1963) avec nos voisins allemands et qui se concrétisent dans une coopération qui va en se développant en matière d’armement, de recherche (Institut de Saint-Louis), de conception (échanges entre les Écoles de guerre) et d’entraînement. Récemment encore, le 20 juin 1985, les ministres des 2 pays, MM. Manfred Wörrer et Charles Hernu se retrouvaient au camp de Münsingen où ils assistaient à un exercice commun franco-allemand. La solidarité ainsi démontrée entre les deux Armées jouerait sans nul doute si l’un ou l’autre était agressé.
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