Défense à travers la presse
Les rencontres au sommet présentent, à coup sûr, plus de risques que les démarches habituelles de la diplomatie, mais la stature des acteurs s’en trouve grandie de sorte qu’il est devenu normal de s’y complaire. Philippe de Commynes les déconseillait et par la suite l’inanité de l’entrevue du Camp du Drap d’or devait lui donner raison. De nos jours l’étalage des médias a remplacé la magnificence de François Ier ; la mise en scène reste cependant de rigueur et l’opinion est invitée à s’ébaubir.
Nous avons donc assisté au match Reagan-Gorbatchev, ainsi que l’écrit Jean Boissonnat, économiste français, dans La Croix du 19 novembre 1985. Avec un président américain à son zénith et en face, M. Gorbatchev soucieux de renouveler l’image que l’URSS a donnée d’elle-même à travers ses précédents dirigeants :
« Le Kremlin avait menacé de rompre toute négociation sur le désarmement si les Pershing étaient installés (en Europe). C’est exactement le contraire qui s’est produit… L’Union soviétique ne se trouve pas aujourd’hui en position de force, malgré son incontestable puissance militaire. L’Afghanistan, où ses troupes sont toujours engagées, la handicape plus que le Nicaragua pour les États-Unis. La stabilisation en Pologne n’efface pas le souvenir récent d’un régime ouvrier qui refuse la liberté à la classe ouvrière. L’économie soviétique vient de traverser plusieurs années difficiles… Tout se passe comme si Gorbatchev était convaincu que le peuple soviétique ne se contentera pas indéfiniment d’avoir plus de canons et moins de beurre que les Occidentaux. De ce point de vue, la course à l’espace militaire lancée par Reagan l’inquiète car cela pourrait freiner son développement de l’économie civile. La bataille sur les armements est aussi, des deux côtés, une bataille économique ».
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