Institutions internationales - L'Europe : ardente obligation ou indolente rêverie ? - L'ONU toujours à l'ère de la décolonisation
À l’évidence, nous manifestons beaucoup notre intention de faire l’Europe et les cérémonies qui ont entouré le 30e anniversaire du Traité de Rome en ont encore apporté la preuve. Comme au même moment s’ouvrait un nouveau débat sur les euromissiles, les déclarations officielles n’hésitèrent pas à prendre en compte l’éventualité, ou la nécessité, d’une défense européenne. Si le président de la République prit soin de ne pas bousculer la logique, nous invitant à préparer « le moment où l’Europe, dotée d’un pouvoir politique central, décidera elle-même des moyens de sa sécurité », bien des commentateurs ne surent faire preuve de la même prudence.
Le professeur François-Georges Dreyfus déclarait sans ambages que « la frontière de la France n’est plus sur le Rhin mais sur l’Elbe » (La Presse française du 27 mars 1987), devancé en la matière par M. Alain Griotteray pour qui il convient que « les Français admettent que leur frontière n’est pas sur le Rhin mais sur l’Oder » (Le Figaro-magazine du 28 mars 1987). Le fond de tout cela ne serait-il pas que nous débattons des problèmes de défense avec plus de légèreté que des questions économiques ? Alors que nul ne se permettrait de confondre déficit commercial et déficit budgétaire, ne mêle-t-on pas, au gré de son humeur, des concepts aussi différents que sécurité européenne et défense de l’Europe, sécurité de l’Europe et défense européenne ? À son tour le lecteur non averti se plaît à traduire selon ses propres opinions et en fonction des contraintes qu’il décèle dans l’énoncé du discours. Tout cela, assurément, n’aide guère à la clarté du débat. Nous verrons ensuite qu’il en va de même à l’ONU au sujet de la Nouvelle-Calédonie.
L’Europe : ardente obligation ou indolente rêverie ?
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