Défense à travers la presse
Parmi tous les slogans qu’a suscités l’affaire des euromissiles, il en est assurément un qui retrouve quelque actualité, celui des pacifistes de naguère : ni Pershing, ni SS-20 ! Ce cri ne témoigne pas d’un grand sens de la stratégie, n’étant du reste que l’expression d’un effroi nullement maîtrisé. Le temps, ce gentleman, avait semblé accorder son crédit à la détermination des gouvernements, mais voici que M. Gorbatchev remet tout en cause. L’option zéro, autre slogan sans ancrage doctrinal, séduit et manifestement on ne l’a pas oublié à Moscou. Ce qui fait dire à Jacques Jacquet-Francillon, dans Le Figaro du 3 mars 1987 :
« Mikhaïl Gorbatchev fait preuve d’un sens diabolique de l’opportunité. Il y a quinze jours seulement, il orchestrait de main de maître à Moscou la comédie du « Forum de la paix » pour se faire sacrer grand prêtre du désarmement et des libertés par un bel échantillonnage de l’intelligentsia occidentale. Aujourd’hui, voilà qu’il avance une nouvelle pièce sur l’échiquier… Un démantèlement simultané des SS-20 soviétiques et des euromissiles américains – fusées Pershing et missiles de croisières – créerait un déséquilibre dangereux sur le Vieux Continent où les pays du Pacte de Varsovie disposent d’un avantage écrasant dans le domaine des forces conventionnelles et, éventuellement aussi, dans celui des armes chimiques. Accepter une telle situation serait suicidaire. Et qui pourrait être certain, dès lors, qu’en cas d’attaque soviétique les États-Unis, privés de leurs engins nucléaires à moyenne portée stationnés en Europe, déclencheraient automatiquement pour nous défendre les grandes orgues de leur arsenal stratégique, entraînant de ce fait sur leur territoire la terrible réplique de l’apocalypse atomique ? Nous n’en sommes pas là, Dieu merci ! Malgré la tentation qui les guette, les Américains ne sont pas prêts à renoncer aux moyens nécessaires pour vérifier sur place que les Soviétiques respecteraient le traité. Or, c’est sur ce point que toutes les précédentes tentatives d’accord ont échoué. L’espoir n’est pas perdu, la vigilance s’impose ».
L’éditorialiste du Monde, du 3 mars, est moins sceptique sur les chances d’un accord final, aussi considère-t-il que voici l’heure de vérité pour l’Alliance atlantique :
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