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Afrique du Nord : ouvertures, désordres et confusion
Les États situés au nord du continent africain ont une triple appartenance culturelle, ce qui explique, en partie, les contradictions qu’ils sont obligés de vivre. Sur la base de traditions différentes parce que la composition ethnique de chaque nation n’est pas la même, la religion venue de l’Est et la pénétration turque ont enraciné des principes et développé une sensibilité qui les attachent au monde proche-oriental. Mais l’imprégnation qu’ont laissée sur les esprits plus d’un siècle d’emprise européenne et surtout les impératifs de migration, causée par une croissance démographique plus forte que les possibilités de développement offertes ont obligé les habitants de ces États à acquérir des connaissances et à adopter des modes de vie qui s’intègrent mal aux cultures précédentes. Ces données, suivant la position géographique de ces pays, conditionnent leurs orientations : les États du Maghreb regardent un peu plus vers le Nord que la Libye et surtout que l’Égypte qui, fondue historiquement et démographiquement dans le Proche-Orient, ne cherche, en Occident, que la part d’originalité qui pût lui donner un semblant de supériorité technique sur ses voisins asiatiques.
Les frontières qui séparent les États d’Afrique du Nord sont certes arbitraires, mais elles correspondent à des critères historiques plus que géographiques qu’ils ont accepté de respecter, bien que ce fût souvent à contrecœur. En revanche, ces pays ont toujours refusé de se connaître des limites méridionales, du moins ceux qui étaient dotés, dans le passé, d’un pouvoir central assez rayonnant. L’Algérie, bien servie par la puissance coloniale qui faisait, de ce territoire intégré à la métropole, la pierre angulaire de son implantation africaine, dispose d’une étendue allant jusqu’aux abords de l’Afrique subsaharienne. Son gouvernement, soucieux de placer la nation dans un espace bien délimité et reconnu par ses voisins, ne met pas en cause les frontières issues de la colonisation. La Tunisie, de son côté, paraît estimer que le dosage de sa composition ethnique nécessaire à son équilibre est atteint ; elle n’entretient donc aucune ambition saharienne.
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