Afrique - Afrique : des démocraties pluralistes en trompe-l'œil ? - Le régime éthiopien accumule les échecs
En ce qui concerne les régimes africains, les termes « démocratie » et « pluralisme » ne peuvent pas être associés : le pluralisme est instauré dans tous les cas lorsque le pouvoir en place se juge assez bien implanté pour qu’il n’ait pas à craindre qu’une alternance vienne troubler la stabilité et la quiétude des équipes dirigeantes. Ce fut le cas, notamment, au Sénégal. Le président Senghor ne consentit à institutionnaliser le tripartisme, puis le quadripartisme, qu’après avoir enraciné l’« Union progressiste sénégalaise » en ayant utilisé pendant plusieurs années le poids d’un parti unique.
Le président Abdou Diouf, qui lui succéda, n’élargit le pluralisme, en 1981, qu’après s’être assuré que l’expérience précédente n’avait pas ébranlé l’autorité du parti au pouvoir. Il pouvait dès lors espérer qu’un émiettement des mouvements politiques ne saurait qu’être favorable au courant le mieux structuré et qu’il desservirait surtout la plus importante des tendances d’opposition dont il réduirait les chances de devenir majoritaire. Le résultat de cette stratégie fut net, puisque la même équipe dirigeante, progressivement rajeunie, est demeurée au pouvoir depuis presque trente ans et qu’on ne peut pas être assuré qu’une victoire de l’opposition dans un scrutin électoral, ou même que la manifestation trop visible de son influence sur l’opinion, n’amènerait pas une réaction conservatoire de cette équipe qui saurait trouver, pour se maintenir, des complicités au sein de l’armée nationale. Sans avoir été mis à l’épreuve de l’alternance, un régime pluraliste ne peut pas être considéré comme réellement démocratique.
Dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, des régimes militaires ont remplacé des gouvernements civils, soit qu’ils eussent prolongé, par la force, l’existence d’un parti unique dont le charisme du chef s’était affaibli – ce fut le cas dans certains États francophones –, soit qu’ils fussent destinés à maintenir la cohésion des États où les partis politiques s’étaient constitués sans critères idéologiques mais en accentuant les rivalités tribales. Le Ghana et, plus encore, le Nigeria ont connu ces sortes d’interventions de l’armée. Les chefs militaires s’employèrent à apaiser les passions, à remettre l’économie sur pied et à réviser les dispositions constitutionnelles avant de céder le pouvoir à une nouvelle autorité civile, désignée par plusieurs formations.
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