Institutions internationales - L'ONU en veine de succès mais en peine d'argent
Il y a peu de temps encore l’ONU, devenue le forum des récriminations du Tiers-Monde auxquelles se joignaient les pays de l’Est, semblait sur son déclin. À tout le moins subissait-elle le dédain des grandes puissances qui étaient exaspérées par son inefficacité et sa gabegie. Il était évident qu’une résolution des Nations unies ne pouvait régler un différend que si tous ses membres y étaient déterminés. Ce n’était jamais le cas et les textes votés restaient parfaitement ignorés de leurs destinataires.
Conscients de cette infirmité, les deux Grands s’appliquèrent, au lendemain de la crise de Cuba, à mettre en place les mécanismes bilatéraux propres à assurer leur sécurité. De ce fait, l’ONU fut progressivement mise à l’écart de la diplomatie des superpuissances. À Washington on se montrait de plus en plus irrité par une organisation qui n’apportait que des avanies en échange d’une contribution financière considérable ; à Moscou on considérait le palais de Manhattan comme un lieu privilégié de propagande. L’ONU avait perdu et son rôle et sa raison d’être, d’autant qu’à ce tableau il convient d’ajouter la dérive des principales institutions spécialisées.
Or, voici que coup sur coup, à des degrés divers que nous analyserons, l’ONU enregistre des succès notables : Afghanistan, Golfe, Chypre. Namibie. Le mérite en revient principalement à son secrétaire général, M. Perez de Cueilar, habile diplomate qui sait mettre à profit les occasions qui s’offrent sans prétendre avoir l’exclusivité des solutions. Un autre facteur décisif est le changement d’attitude de l’Union soviétique : à l’automne dernier. M. Gorbatchev fit en effet savoir qu’il entendait faire jouer à son pays un rôle à la mesure de ses obligations de grande puissance et il suggérait de renforcer le Conseil de sécurité. Visait-il simplement à mettre à profit le mépris de l’Administration Reagan à l’égard de l’Organisation ou bien voulait-il infléchir fondamentalement l’attitude de son pays ? Il semble que le maître du Kremlin ait pris conscience de l’intérêt que présentait l’ONU dans le règlement de conflits locaux en les soustrayant au face-à-face américano-soviétique. La nécessité pour l’URSS de se dégager de tels conflits ne pouvait qu’inciter ses dirigeants à mieux considérer le rôle des Nations unies.
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