Défense en France - L'École interarmées du renseignement et des études linguistiques (Eirel)
Encore mal connue à l’intérieur des armées, l’Eirel a été créée le 1er septembre 1986 dans les installations réaménagées de l’ex-École militaire de Strasbourg (caserne Stirn). Cette création a permis de regrouper, dans un organisme unique, plusieurs centres ou écoles spécialisés :
– le CFIR : Centre de formation interarmées du renseignement ; le CLEEM : Centre de langues et d’études étrangères militaires, organisme « terre » ;
– le Cirip : Centre d’instruction du renseignement et d’interprétation photographique, organisme « terre » ; le CEA : Centre d’enseignement de l’allemand de la gendarmerie des Forces françaises en Allemagne (FFA) ;
– le GE 309 : Groupement écoles 309 (air).
Ces différents organismes étaient localisés comme suit : Paris, à l’intérieur de l’École militaire, pour les deux premiers, et, pour les suivants, dans l’ordre, Satory, Fribourg-en-Brisgau (FFA) et Chambéry.
Ce regroupement, outre l’intérêt présenté en matière d’économie de gestion, d’organisation fonctionnelle et d’occupation d’un casernement libre, souligne l’importance croissante du renseignement militaire. À une époque marquée par la multiplicité des menaces et par la diminution des délais d’alerte, le renseignement est à l’origine de toute prise de décision. L’urgence de son traitement s’impose en temps de crise. Son caractère interarmées et global ne cesse de s’affirmer. La création d’une école spécialisée, comparable à celles qui existent dans certains pays alliés, se faisait indispensable. De surcroît, pour répondre aux besoins militaires de liaison et d’exploitation de l’information, il était impératif d’intégrer à cette école une division linguistique spécialisée. Ainsi les armées disposent-elles désormais d’un creuset qui a vocation de faire naître et perpétuer une approche commune du renseignement.
Mission et organisation
La mission de l’école s’exerce au profit du personnel de la défense dans les trois domaines suivants : technique de recherche et d’exploitation du renseignement militaire ; renseignement de sécurité de défense ; langues et études étrangères militaires.
Pour satisfaire ces besoins en formation, l’organisation comprend : un commandant d’école, un chef de corps, un état-major ; un groupement des moyens audiovisuels, chargé entre autres, de la production et de la cession d’aides pédagogiques ; quatre divisions d’instruction ayant en charge le renseignement militaire interarmées, le renseignement tactique, le renseignement technique, les langues et études militaires étrangères.
Une antenne de l’école a été maintenue à Paris ; elle accueille, en particulier, les officiers en stage d’information dans les organismes parisiens.
Programmes et stages
L’école forme de nombreux spécialistes de tous grades, avec le constant souci d’adapter chacun de ses programmes aux besoins des armées. En 1987, plusieurs centaines d’officiers, de sous-officiers, d’officiers-mariniers et de fonctionnaires, appartenant à différentes branches du ministère de la Défense, y ont suivi plusieurs dizaines de stages de renseignement ou de langue. Le plus important d’entre eux est celui qui est organisé à l’intention des futurs attachés de défense : il dure plusieurs mois et rassemble quelque cinquante auditeurs des trois armées et de la Direction générale de l’armement avant leur départ pour leur poste à l’étranger. Les autres cours sont de durée très variable.
Pour répondre aux besoins des états-majors de l’administration centrale et des grands commandements, il a été créé un stage de formation au renseignement interarmées qui s’adresse à des officiers possédant déjà une sérieuse expérience. Parallèlement, il existe une formation de qualification pour les sous-officiers.
La division du renseignement tactique forme les officiers de renseignement destinés à servir dans les régiments et les divisions (1er et 2e degrés) ; elle est également chargée de dispenser l’enseignement spécifique aux officiers de réserve affectés dans le corps de bataille ou dans les commandements responsables d’une éventuelle mise en œuvre de la Défense opérationnelle du territoire (DOT). En outre, elle prépare les sous-officiers d’état-major au CT 2 renseignement.
La division technique d’exploitation enseigne l’interprétation de l’imagerie (photo, infrarouge, radar SLAR – Side-looking Airborne Radar) aux officiers et sous-officiers, et forme les spécialistes chargés de la surveillance du champ de bataille (drones, radars, patrouilles profondes, etc.).
Les stages de langues sont de plus longue durée, puisque certains se déroulent en phase avec l’année scolaire. Ils concernent les officiers interprètes de réserve (EOR), les Interprètes de réserve de l’Armée de terre (Irat), les gendarmes appelés à servir en Allemagne, ainsi que les linguistes de langues orientales.
Au total, c’est une conception résolument évolutive des programmes qui anime l’Eirel, soucieuse de mettre les langues et le renseignement au service des états-majors et des forces.
Autres fonctions
Le groupement des moyens audiovisuels, disposant de moyens très élaborés, produit des aides pédagogiques au profit des unités : photos de matériels, cassettes vidéo et audio, réalisées à partir des revues spécialisées, de la réception des télévisions étrangères et des différents cours de langues. L’école gère également la couverture photographique de la France, des Dom-Tom et d’autres régions.
La division « langues » apporte son concours au commandant des écoles de l’Armée de terre (Ceat), notamment pour l’enseignement des langues et l’organisation des examens. Elle suit le pool des interprètes, puisque le commandant de l’école est également le chef de corps des Irat.
Le bureau « études » de l’école rédige les Cahiers du renseignement, publication quadrimestrielle, qui est diffusée par l’État-major de l’Armée de terre (Emat) jusqu’au niveau de la compagnie (batterie, escadron). Ces cahiers comprennent des articles sur les armées étrangères, sur les techniques de recherche et d’exploitation, ainsi que des tests d’identification.
Les deux années écoulées ont été mises à profit pour réaliser la cohésion d’une école qui ne se présente plus désormais comme une juxtaposition des organismes dissous, mais comme une entité cohérente, véritable école du renseignement et des langues, décidée à aller de l’avant. Elle est devenue la maison-mère indispensable aux armées, plus particulièrement utilisée par l’Armée de terre. Sans doute est-il souhaitable que son caractère interarmées soit encore développé par une participation plus étoffée des autres armées et de la délégation générale pour l’armement. ♦
Maurice Faivre
Les vingt ans du Celar
Le Centre d’électronique de l’armement (Celar) a célébré son 20e anniversaire le 9 septembre 1988, à Bruz, près de Rennes, en présence de M. Jacques Chevallier, délégué général pour l’armement, et de M. Louis Gallois, directeur de cabinet du ministre de la Défense.
Au sein de la DGA, le Celar, établissement de la DEI, mène des essais, évaluations et expertises portant sur les systèmes, matériels, logiciels et composants à forte dominante électronique ou informatique. Ses domaines de compétence recouvrent la guerre électronique, les simulations technico-opérationnelles, la sécurité des systèmes d’information, les télécommunications, la mesure et l’analyse de signatures radars et optroniques. Le Celar met également en œuvre le Centre de calcul scientifique de l’armement (CCSA).