Afrique - Afrique australe : la trêve n'est pas la paix - Algérie : conjuration pour un référendum
Il semble qu’en Afrique, l’entreprise de paix à laquelle le secrétaire général de l’ONU apporte toute son attention ne rencontre pas le même succès que dans d’autres parties du monde. Les problèmes qui mettent en cause plusieurs États ne se clarifient pas au cours des négociations, soit que les solutions proposées déplaisent à une partie de la classe dirigeante d’un des États ou de plusieurs d’entre eux, ce qui risque d’augmenter l’instabilité des pouvoirs en place, soit que les formules, façonnées à grand-peine pour être acceptées par chaque négociateur mais demeurées trop imprécises, s’étiolent sans porter de fruits. Les discussions continuent cependant et ce serait déjà un bien que chacun des participants s’efforçât de renforcer son camp par des moyens diplomatiques plutôt que par les armes. Mais tel n’est pas toujours le cas.
Des deux problèmes auxquels s’intéresse l’ONU en Afrique, le règlement du conflit saharien est dominé par la crise que connaît actuellement l’Algérie et qui oblige Alger à remettre en cause, avec les incertitudes que cela comporte pour le rapprochement des États du Maghreb, un certain abandon des thèses du front Polisario. Par ce revirement qui n’est peut-être que temporaire, le gouvernement algérien cherche également à reprendre, au sein de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), la position de tête de file des « progressistes » que son idylle avec le Maroc risquait de lui faire perdre, prestige dont il semblerait avoir besoin pour apaiser les tensions internes. En revanche, en Afrique australe où la négociation continue sans progresser, aucun des partenaires ne se dédit mais, sur les questions restées en litige, les pourparlers piétinent. Pretoria profite de l’apparent désarroi provoqué chez les progressistes africains par l’amorce de détente américano-soviétique pour renforcer ses relations avec les États plus modérés en s’efforçant de les approfondir et de les diversifier. De plus, et sans doute pour la première fois, les expériences passées ayant porté leurs fruits, son gouvernement ne prend pas prétexte de la détente pour donner des gages aux plus radicaux de la communauté blanche.
Pour la République d’Afrique du Sud, les États de la « ligne de front », c’est-à-dire ceux qui ont une frontière commune avec elle, bénéficient évidemment d’une attention particulière : d’une part, ces États sont susceptibles d’offrir aux rebelles de l’Angola des refuges à partir desquels ces exilés seraient capables d’organiser la lutte sur le territoire sud-africain ; d’autre part, ils appartiennent, comme chacun sait, à un ensemble où les voies de communication, les ressources économiques et même les ethnies sont complémentaires, mais dont la complémentarité reste favorable à l’Afrique du Sud en raison de sa position géographique et de la supériorité de son développement industriel. Les milieux d’affaires et M. Botha lui-même avaient envisagé, il y a quelques années, de transformer l’état actuel de dépendance en une véritable communauté économique. Les retards apportés à la réforme de l’apartheid n’ont pas permis de concrétiser le projet ni même d’en jeter les bases. Pretoria continue donc d’agir au coup par coup. Il cherche à créer les conditions d’un maintien, voire d’une accentuation de la dépendance, sans toutefois obtenir que les États cessent leur aide aux militants du Congrès national africain (ANC). Il a même été amené, avec l’aide du Malawi, à protéger indirectement les rebelles de la RNM (Résistance nationale du Mozambique, RENAMO) qui exercent leurs activités dans le nord du Mozambique et au Zimbabwe. Cependant, après les accords de Nkomati de 1984, bien que ceux-ci fussent vite tombés en désuétude, les relations n’ont jamais été interrompues entre des personnalités officieuses d’Afrique du Sud et des personnalités plus officielles du Mozambique, de la Zambie et du Botswana.
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