Au moment où vient de s’opérer le désengagement des forces israéliennes et égyptiennes, un rappel de la genèse de l’État d’Israël et des conflits que suscita cette greffe en terre arabe permet de mieux saisir les conditions d’une paix durable au Proche-Orient.
Le Proche-Orient et les États-Unis
Le 18 janvier dernier, sur la route de Suez au Caire et en présence du Commandant de la Force d’urgence des Nations Unies, un général israélien et un général égyptien ont conclu un accord auquel la presse a donné un grand retentissement et qu’elle a qualifié d’historique : pour la première fois depuis la création de l’État d’Israël, des Israéliens et des Égyptiens s’asseyaient à une même table pour signer un document commun. C’est effectivement un événement significatif. Mais son aspect le plus important sans doute est que pour la première fois (les opérations franco-anglo-israéliennes de 1956 constituant un cas très différent) Israël a accepté d’évacuer un territoire arabe occupé au cours d’un conflit avec ses voisins, sans avoir obtenu de contrepartie politique. Ce retrait, effectué en application du « désengagement » prévu par la Résolution 338 que le Conseil de Sécurité des Nations Unies a votée dans la nuit du 21 au 22 octobre 1973, va se poursuivre jusqu’au 5 mars : à cette date, les Israéliens, établis depuis 1967 sur le Canal de Suez, auront replié leurs forces sur les cols du Sinaï. Plus de 7.000 « casques bleus » des Nations Unies se sont déployés progressivement à l’ouest des troupes d’Israël pour les séparer des Égyptiens qui maintiennent des forces légères sur la rive orientale du Canal, où ils ont repris pied le 6 octobre dernier, pour la première fois depuis 1967.
Quelle que soit la signification de l’évènement, il ne s’agit encore là que d’un accord militaire de portée limitée, qui ne concerne que l’un des deux fronts de la dernière guerre et un seul des trois voisins d’Israël ayant pris part activement aux hostilités ; ni la Jordanie, ni la Syrie ne sont partie à l’accord du 18 janvier ; pour ne rien dire de la réserve que gardent à son égard l’Irak, l’Algérie et le Maroc, dont les troupes ont participé aux combats, ou l’Arabie Saoudite, les pays du Golfe et la Libye, qui ont manié « l’arme du pétrole ». Encore faut-il noter que, même pour l’Égypte, l’accord du 18 janvier ne représente, en principe, qu’un premier pas vers un règlement. Ce n’est donc pas encore la paix, cette paix durable à laquelle les peuples du Proche-Orient aspirent depuis vingt-cinq ans et que les grandes puissances ont recherchée et recherchent encore, dans l’espoir d’écarter les risques de confrontation et de conflit dont le Proche-Orient peut à tout moment être la source.
Il n’est pas douteux, hélas, que le Proche-Orient constitue pour la communauté internationale un problème permanent, et il est « dans la nature des choses » qu’il en soit ainsi.
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