Revue des revues
• « La prolifération des missiles balistiques au Proche-Orient ». Dans un article du numéro de mai/juin 1989 de la revue britannique Survival, Martin S. Navias, du département d’étude des guerres du King’s College à Londres, s’inquiète d’un phénomène que l’on a peu relevé jusqu’ici : la diffusion dans le Tiers-Monde des technologies propres aux missiles balistiques. Ce phénomène a pris des proportions inquiétantes au Proche-Orient.
Martin Navias montre d’abord les avantages que procure la possession de missiles balistiques : rapidité de mise en œuvre, invulnérabilité, portée. L’intérêt qui leur a été porté a souvent précédé celui qui était suscité par les armes nucléaires, chimiques ou biologiques. Les conséquences sont aussi d’ordre politique. L’auteur fait ensuite un inventaire des moyens dont disposeraient les différents pays du Proche-Orient. Y dominent les missiles soviétiques Scud B, Frog 7, voire SS-21 en Iran, Irak, Égypte, Syrie, Libye, Yémen du Sud. Ceux qui sont fabriqués localement sont les Jericho I, II et peut-être III des Israéliens, les copies irakiennes du Scud (Al-Husayn et Al-Abbas), le DF-3 de l’Arabie saoudite, le Badr-2000 égyptien. Sauf ce dernier, les missiles les plus récents ont des portées allant de 300 à 900 kilomètres, le DF-3 saoudien, fabriqué avec l’aide chinoise, atteignant une portée de 2 500 à 3 000 kilomètres. Les Soviétiques ont renoncé à donner le SS-23 aux Syriens ; les Américains ont fait pression sur les Chinois pour empêcher la livraison du M9. Tous ces missiles pourraient porter des armes chimiques.
Les conséquences que perçoit Martin Navias portent d’abord sur le conflit Israël-Syrie. La marge de manœuvre des Israéliens paraît de plus en plus étroite, leur supériorité aérienne devient inutile. La Syrie pourrait réserver l’emploi de ses armes chimiques comme moyen de dissuader les Israéliens d’effectuer des bombardements stratégiques, une fois la guerre éclatée. L’armée israélienne est tentée de procéder à des attaques préemptives, une capacité de défense antimissiles étant difficile à mettre sur pied de manière suffisamment efficace. L’équilibre n’est guère changé entre Irak et Iran. Si la guerre reprenait, l’Irak pourrait utiliser ses moyens chimiques sur ses missiles Al-Abbas et Al-Husayn contre des agglomérations urbaines, mais l’Iran peut en faire autant, et il est possible qu’il existe ainsi une forme de dissuasion réciproque entre les deux pays.
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