Revue des revues
• « L’influence des militaires américains après la guerre du Vietnam ». La revue Armed Forces and Society, organe du séminaire interuniversitaire fondé par Morris Janowitz à Chicago, publie dans son numéro d’été 1989 une étude d’un officier américain, David H. Petraeus, sur l’influence des militaires et l’emploi de la force par les États-Unis après la guerre du Vietnam. L’auteur cherche à dissiper un préjugé très fréquent : les chefs militaires ne pensent qu’à en découdre et poussent les civils à utiliser la force. Richard Betts a déjà démontré que cette vue simpliste a rarement été conforme à la réalité de 1945 à 1973.
David Petraeus montre que les chefs militaires jouent d’abord un rôle de conseiller. Depuis 1973, ils ont été en général beaucoup plus prudents que les conseillers civils du président tels que Henry Kissinger ou Zbignew Brzezinski, pour un certain nombre d’opérations comme le Liban entre 1982 et 1984, la corne de l’Afrique en 1978, le golfe Arabo-persique en 1984. Ils ont par contre été partisans de l’emploi de la force pour l’Achille Lauro, le bombardement de la Libye en octobre 1987, les rétorsions aux attaques de bâtiments de guerre américains dans le Golfe. Dans plusieurs autres cas, les militaires de l’entourage présidentiel ont gardé une « neutralité professionnelle », en déclarant que la décision n’était pas de leur ressort. Quelquefois ils n’ont pas été consultés. Une fois la décision prise, les chefs militaires ont en général insisté pour que les moyens soient suffisants, l’action devant être aussi brève que possible, et que l’on présente au peuple américain une victoire rapide. Ils craignent avant tout de s’enliser dans une affaire sans fin, où des renforts ne peuvent emporter la conclusion.
David Petraeus distingue conseil et influence. Les chefs militaires, pour lui, ont fort peu exercé d’influence directe. Ils ont eu par contre une influence indirecte par leurs réponses aux demandes d’action, et il en a résulté les conditions fixées par Caspar Weinburger pour l’intervention des forces armées américaines. Les officiers les plus anciens ont également parlé dans des discours et des interviews, surtout avant leur mise à la retraite. Ils ont été quelquefois accusés d’avoir modifié les structures de l’armée pour obliger le pouvoir civil à mobiliser pour agir.
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