La Ve République, 1958-2008 : 50 ans de politique de défense
La Ve République, 1958-2008 : 50 ans de politique de défense
Pierre Pascallon a toujours de bonnes idées. Celle-ci était excellente qui, après cinquante ans de Ve République et à la veille de la publication d’un nouveau Livre blanc, réunissait en colloque de grands témoins de la révolution militaire vécue par notre pays depuis le retour au pouvoir du général de Gaulle. Révolution certes, si l’on additionne la création de notre force nucléaire, le retour d’Algérie, la sortie de l’Otan intégrée, la guerre du Golfe et la fin de la conscription.
L’arme nucléaire est au cœur du débat, avec de Gaulle en créateur, créateur de la Bombe, mais aussi du poids politique qu’on lui attribue faussement. Tous ses successeurs ont cultivé le mythe. François Mitterrand l’a poussé à l’extrême, voyant dans l’arme, selon Jean-Pierre Chevènement et le général Quesnot, non seulement l’instrument du prestige national, mais encore – horresco referens – le gonflement de sa propre personne. De nos présidents, le plus aimable en la matière fut Georges Pompidou découvrant benoîtement, devant le général Maurin qui lui présentait notre arsenal, qu’il était devenu le décideur suprême. Le plus léger de nos décideurs fut le dernier, qui, à l’Île Longue en janvier 2006, a bousculé les principes que la Bombe elle-même impose. Daniel Colard se donne bien du mal pour justifier le sacrilège, et il est vrai qu’un professeur de droit public n’est pas à l’aise pour parler de l’arme d’apocalypse. Au reste le général Forget remet les pendules à l’heure et Georges Le Guelte aussi qui fait du discours chiraquien une « caricature » stratégique.
Ceux que l’arme nucléaire ennuie trouveront d’autres aliments à leur réflexion. Ainsi chez Pierre Maillard rappelant – que les temps ont changé ! – le rôle éminent que de Gaulle assignait à l’État dans le développement de notre industrie d’armement. D’autres relèveront, lisant Pierre Messmer, la très surprenante docilité des Américains face au diktat otanien du général : en moins d’un an, 9 bases aériennes, une base navale et 20 installations terriennes quitteront notre sol. Le témoignage du général Quesnot, proche de François Mitterrand de 1991 à 1995, décoiffe en deux coups de peigne : le mépris poli que le président vouait aux militaires, la guerre du Golfe où les prudences mitterrandiennes annonçaient la fin de la conscription.
Guère de vues d’avenir dans ce que nous venons de rapporter. Il y en a une, vigoureusement présentée par le général Vincent Desportes : notre modèle militaire est obsolète ; c’est une armée de contact, et nombreuse, qu’il nous faut. Gageons que le Livre blanc aura déçu Desportes. Resterait à parler de l’Europe ? Bof… ♦