La Professionnalisation de l’armée française
La Professionnalisation de l’armée française
Jouant sur la relation qu’il pense antagoniste entre institution et organisation, pouvoir et autorité, l’auteur récompensé par les prix de la DGA et de l’IHEDN, s’attache à démontrer que face à un commandement demeuré largement classique, la pratique de l’autorité dans une armée professionnelle s’est largement modifiée ; au détriment de la hiérarchie.
À la lecture de l’essai, nous n’en sommes toutefois pas entièrement convaincu. Il y a à cela plusieurs raisons. L’étude est partielle. Elle ne porte en réalité que sur deux ou trois unités de la seule Armée de terre. La mise en perspective historique est pratiquement inexistante. Elle conduit à considérer nouvelles des pratiques et des ressentis anciens, même s’ils participaient d’un non-dit finalement confortable et nécessaire à la cohésion approximative du groupe. Une irruption régulière, pour ne pas dire inopinée, dans la démonstration des faits et des impératifs pérennes d’une troupe au combat qui interdisent une franche bascule de l’institution vers l’organisation. Enfin des affirmations très discutables, « en s’organisant par métiers, l’Armée de terre a fait le choix d’abandonner l’institution », « c’est la notion de contrat qui opère le basculement de l’un à l’autre des modèles », parfois franchement naïve « pour autant l’Armée de terre ne ressemble pas encore à une industrie productive, le principal écueil est la finalité de l’institution ».
Pour autant la lecture de l’ouvrage serait-elle inutile ? Non. Le travail est sérieux. Il soulève des ressentis plus ou mois anciens et profonds qui méritent clarification et mise au goût du jour. Il soulève des comportements humains dommageables ; on pouvait imaginer que la professionnalisation les avait fait disparaître.
Aussi, au-delà de quelques passages jargonnants et de répétitions inutiles, le lecteur trouvera, outre des éclaircissements sur des pratiques, anciennes et nouvelles, des arguments qui confortent tout autant l’institution que l’organisation, marquant par là leur indissossiabilité. Ce dont nul praticien d’expérience n’a jamais douté. ♦