Revue des revues
Dans la revue Survival de septembre-octobre 1989, Lawrence Freedman, professeur d’études de la guerre au King’s College de Londres, jette une douche d’eau froide sur les enthousiasmes provoqués par la maîtrise des armements classiques en Europe. Pour lui, cet optimisme à tous crins a pour origine les changements en cours dans les relations Est-Ouest, malgré des difficultés considérables telles que la complexité des problèmes et l’asymétrie des situations militaires. De part et d’autre, il semble qu’il existe une réelle volonté politique d’aboutir ; des résultats ont déjà été acquis. Il est probable qu’on arrivera à la parité pour tout ce qui est offensif et l’on s’est entendu sur la division de l’Europe en zones. Il reste cependant des discussions d’ordre technique qui risquent d’être fort longues.
Lawrence Freedman considère que certains échanges sont d’ordre purement stratégique et que l’opinion des spécialistes ne peut être entièrement négligée. La discussion risque d’être violente à Moscou, et l’Otan aura peut-être à faire un geste spectaculaire, dans les domaines aérien ou naval par exemple. Les militaires de l’Otan ont déjà prévenu qu’une réduction des forces peut ne pas être synonyme de stabilité et qu’il est souvent difficile de distinguer entre ce qui est défensif et ce qui est offensif. Si l’on doit compter sur les réserves, une crise serait aggravée par la nécessité de les convoquer rapidement. La défense de l’avant deviendrait impossible, ce qui exacerberait un débat interne à la République fédérale d’Allemagne (RFA) et à l’Otan.
Lawrence Freedman voit l’origine de l’optimisme actuel dans le fait que tout le monde cherche à diminuer les crédits militaires, surtout le Pacte de Varsovie. Ces réductions peuvent s’effectuer sans accord de maîtrise des armements ; la démographie va dans le même sens. Des réductions unilatérales présentent des avantages. À l’Ouest, une négociation permet d’éviter des propositions comme celle du sénateur américain Mike Mansfield. Certains programmes militaires sont déjà paralysés. Après un accord Est-Ouest, il faudra des négociations à l’intérieur de chaque alliance. Quand des pays européens économiseront 15 % de leur budget militaire, les États-Unis économiseront 15 % d’une partie seulement de ce budget.
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