Défense à travers la presse
Qu’ils aient des implications diplomatiques et surtout économiques, les bouleversements qui ont eu lieu au mois de novembre 1989 à l’Est, nul n’en doute mais on ne saurait s’en tenir à ces aspects. Ils sont primordiaux car ils sont à la base des événements et qu’ils exigent des solutions rapides et appropriées. Ils le sont moins au regard de l’équilibre militaire et de la sécurité en Europe. Une situation nouvelle émerge, dont les stratèges devront tenir compte. En principe l’Alliance atlantique, à vocation purement défensive, n’est pas remise en cause, mais elle va se trouver confrontée à la faculté qu’a l’Union soviétique de tirer parti des forces comme des faiblesses de son voisinage.
C’est pourquoi Philippe Marcovici, dans Le Quotidien de Paris du 16 novembre 1989 s’interroge sur les intentions de M. Gorbatchev, président de l’URSS :
« Une évidence s’impose : Gorbatchev joue la carte d’un bouleversement de l’ordre établi en Europe et dans la relation Est-Ouest. À ce stade, peu importe qu’il soit l’instigateur de ce bouleversement ou qu’il le subisse, ce qui reste l’hypothèse la plus crédible, l’essentiel étant qu’il en est le comptable. Alors, pourquoi ? On peut d’abord prêter au secrétaire général l’intention d’en finir avec la présence militaire américaine en Europe. Après tout, c’est là une constante de la diplomatie soviétique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et Gorbatchev n’a pas si mal réussi dans cette voie où Brejnev et les éphémères Andropov et Tchernenko avaient échoué. N’est-ce pas lui qui a obtenu le retrait des Euromissiles, ouvrant ainsi la porte au découplage entre les deux rives de l’Atlantique ? On peut faire crédit à Gorbatchev quand il vante la maison commune européenne, mais comment imaginer celle-ci habitée par des troupes américaines, des canons américains, des missiles américains ? Si, comme on peut le croire, le retrait des États-Unis d’Europe occidentale reste toujours une priorité pour les Soviétiques, on devrait alors s’attendre bientôt à une nouvelle et spectaculaire initiative de Moscou : l’annonce d’un retrait des troupes soviétiques stationnées en Europe de l’Est. On voit mal comment, dans le climat actuel, les Américains se déroberaient au devoir de réciprocité ».
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