Afrique - Namibie : l'attente se poursuit - Où en est la Côte d'Ivoire ?
En application des paragraphes 7 et 8 de la résolution 385 du Conseil de sécurité adoptée le 30 janvier 1976, du 7 au 11 novembre 1989 se sont déroulées, en Namibie, des élections à une Assemblée constituante destinée à définir et à établir les structures politiques d’un État indépendant. Il aura donc fallu plus de treize ans de crises, de pressions internationales, de négociations successives avec des conciliateurs chaque fois différents pour faire admettre, par Pretoria (capitale de l’Afrique du Sud), que la mission de la nation tutrice était de conduire le pays sous tutelle à l’indépendance quelle qu’en soit la conséquence pour elle-même, et, par les Nations unies, que la SWAPO (Organisation du peuple du Sud-Ouest africain), malgré la lutte qu’elle menait, ne pouvait être considérée comme un bénéficiaire privilégié sans que sa suprématie ait été sanctionnée au préalable par des élections. La situation avait été rendue plus complexe par l’état latent de crise prévalant dans cette partie du continent. Au départ de l’administration portugaise d’Angola, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), refusant de partager le pouvoir avec d’autres formations, avait fait appel au soutien de l’Armée cubaine pour se maintenir en place ; or c’était dans ce même pays que les guérilleros de M. Sam Nujoma avaient trouvé aide et refuge. Le fait permettait aux autorités sud-africaines de repousser les résolutions de l’ONU sous le prétexte qu’aucune solution valable ne pouvait être trouvée au problème namibien tant que pesait la menace d’une intervention de forces étrangères à l’Afrique.
Les négociations ont pu devenir plus concrètes à partir de 1988, à New York d’abord puis à Genève, quand, en raison du changement d’attitude des Soviétiques et de l’efficacité de la pression américaine sur l’Afrique du Sud, une relation précise a pu être établie entre les différentes étapes du règlement de la question namibienne et le retrait des troupes cubaines d’Angola. Ainsi est-on devenu capable d’appliquer des décisions internationales, dont certaines avaient été prises à des dates bien antérieures, pour que les élections se déroulent librement, sous contrôle des Nations unies, après éloignement des forces combattantes et une campagne électorale ouverte à toutes les tendances, avec l’espoir que se dégage, grâce à la méthode de scrutin choisie, une image assez précise de la volonté populaire. La formule adoptée fut le suffrage universel des adultes à bulletin secret et la représentation proportionnelle de l’électorat grâce à laquelle le pourcentage des sièges de chaque parti à l’Assemblée constituante correspondrait à celui des voix obtenues.
La campagne électorale et les opérations de vote se sont déroulées sans trop d’incidents, à partir du moment où SWAPO et autorités sud-africaines eurent compris que tout écart ou toute mise en doute du résultat des élections seraient préjudiciables à leur cause, Moscou et Washington étant d’accord pour accepter à l’avance le verdict des urnes. L’ONU avait mis en place, semble-t-il, une mission d’assistance assez fournie et assez éclectique pour assurer l’impartialité du vote et garantir la sécurité des électeurs. La mission militaire comprenait 4 650 hommes au lieu de 7 500 prévus initialement, soit trois bataillons fournis respectivement par la Finlande, le Kenya et la Malaisie, un appui logistique assuré par différents États (Australie, Canada, Espagne, Italie, Pologne, Royaume-Uni, République fédérale d’Allemagne – RFA –, Suisse), des observateurs militaires en provenance de nombreux pays (Bangladesh, Finlande, Inde, Irlande, Kenya, Malaisie, Pakistan, Panama, Pérou, Pologne, Soudan, Tchécoslovaquie, Togo, Yougoslavie) et trois bataillons qui pouvaient être appelés en renfort (Togo, Venezuela, Yougoslavie). La mission civile se composait de deux éléments : 500 policiers appelés à contrôler les 6 000 hommes de la police locale et 1 750 « inspecteurs » chargés de suivre les opérations électorales à tous les niveaux.
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