Afrique - Afrique : apaisement ou abandon ? – Comores : la fin d’un sultan
L’hypothèse avancée depuis quelques mois devient évidence : le rapprochement soviéto-américain connaît déjà des répercussions en Afrique. Depuis que, dans les pays socialistes d’Europe et en URSS même, le marxisme-léninisme et l’hégémonie d’un parti unique sont remis en cause, celles-ci prennent un double aspect. D’un côté les tensions, que les interventions indirectes de Washington et de Moscou rendaient difficiles à calmer, trouvent plus ou moins rapidement des solutions dans la mesure où les passions qu’elles ont soulevées sont susceptibles d’être apaisées ; de l’autre, les pays africains qui avaient adopté les dogmes du marxisme-léninisme pour cimenter le pouvoir et se situer dans le monde s’en détachent l’un après l’autre ; quant à ceux qui considéraient que le « centralisme démocratique » d’un parti unique, quelle que soit l’idéologie qui le sous-tendait, était justifié parce que les jeunes États étaient en mal de cohésion nationale, ils commencent à apprécier l’exemple des rares pays où plusieurs partis ont pu s’implanter en négligeant les divisions tribales.
Les rivalités idéologiques n’avaient pas qu’un aspect négatif quoiqu’elles eussent été toujours entretenues de manière artificielle. Certes, elles contribuaient à prolonger la durée des crises, dans les secteurs les plus sensibles, en leur donnant une dimension mondiale, mais elles avaient assuré, à l’ensemble du continent, un certain équilibre qui permettait à chacun d’asseoir son autorité sur des frontières garanties ; sans apporter de solutions aux anomalies causées par le partage de l’Afrique entre les puissances coloniales, elles avaient ainsi évité à bien des conflits latents de devenir ouverts. À partir des acquis de l’évolution que connaît le monde, il serait donc utile d’examiner les tensions existantes sur le continent africain depuis plusieurs années pour déterminer celles qu’un rapprochement américano-soviétique peut apaiser, puis de soulever le cas des pays qui paraissent s’écarter du marxisme, enfin d’imaginer ce qu’un abandon des rivalités idéologiques pourrait déstabiliser en Afrique.
Dans l’imbroglio des problèmes de la corne orientale, Moscou et Washington ne pourront jamais être les seuls maîtres d’œuvre d’un apaisement. Outre l’intérêt stratégique de la zone pour les grandes puissances, les débouchés de la mer Rouge sur l’océan Indien participent à l’équilibre de la nation arabe, jouent un rôle dans ses relations avec Israël, et, quoique le problème posé soit à résoudre dans sa globalité, il se décompose en ce qu’on pourrait appeler des « micro-problèmes » qui exigent tous, à cause de l’exaspération locale des passions, des solutions spécifiques mais qui ne seront jamais réglés définitivement sur le terrain sans l’accord de Moscou et de Washington.
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