Institutions internationales - Otan et G7 : comment gérer la faillite à l'Est ? - L'ONU face au défi irakien dans le Golfe
Bien conscients que les meilleures situations s’altèrent si des initiatives opportunes ne viennent pas les renforcer, les 5 et 6 juillet 1990 à Londres puis quelques jours plus tard à Houston, les pays occidentaux se sont appliqués à réajuster leur politique en fonction des changements intervenus à l’Est. « La guerre froide appartient désormais au passé », devait constater le secrétaire général de l’Otan, M. Manfred Wœrner. Les problèmes n’ont pas disparu pour autant, même si généralement ils ont changé de nature, tant sur le plan militaire que dans le domaine économique.
À l’issue du sommet atlantique, dans la capitale britannique, le président George H. W. Bush considérait que l’Alliance « a engagé une transformation majeure de sa stratégie et déterminé une nouvelle voie pour la coopération en Europe ». Cela ne s’est pas fait sans certaines réticences, principalement pour ce qui concerne la révision stratégique et l’aide à apporter à l’URSS. L’Otan a donc décidé de restructurer ses forces en Europe en en restreignant l’importance. De plus, il est prévu que dès « l’ouverture des négociations sur les forces nucléaires à courte portée, l’Alliance proposera, en échange de mesures réciproques de la part de l’URSS, l’élimination de tous les obus nucléaires en Europe ». Une clause qui satisfait le chancelier Helmut Kohl, qui a opté pour le « double zéro » : ni fusées, ni obus nucléaires. Il est évident qu’on atteint alors le terme du processus engagé avec le traité de Washington sur les FNI (Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire). Une telle évolution ne pouvait que conduire à l’abandon de la doctrine de la riposte graduée. Affichant sa volonté d’une dépendance moins grande à l’égard des armes nucléaires, l’Otan se prépare à élaborer « une nouvelle stratégie qui fasse véritablement des forces nucléaires l’arme du dernier recours ». Mme Margaret Thatcher a vainement cherché à s’opposer à ce glissement qui, à ses yeux, abolit la dissuasion. Finalement, elle observa que ce changement de terminologie ne modifiait pas fondamentalement la situation et qu’il avait pour but de prendre en compte le fait que l’Alliance ne pouvait plus redouter une attaque surprise de l’Union Soviétique.
Pour sa part le président François Mitterrand (bien que la France ne se soit pas associée aux résolutions concernant la stratégie) fit savoir qu’on ne pouvait ainsi reléguer le nucléaire en dernier ressort. C’est une vue de l’esprit, a-t-il affirmé avant de poursuivre : « La guerre, il ne faut pas qu’il y en ait. Si chacun sait que tout, y compris les moyens nucléaires, peut être mis en jeu dès le début, il n’y en aura pas ». Entendons que la doctrine française de la dissuasion reste inchangée ; elle devient plus que jamais un élément d’incertitude, ainsi que nos alliés l’avaient reconnu à Ottawa.
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