Revue des revues
• La « Gesellschaft fur Wehrkunde » (Société pour les études de défense), qui édite la revue dont nous analysons ici le n° 6/1990, change de nom : fondée en 1952, soit quatre ans avant la création de la Bundeswehr, elle entend s’implanter aussi dans la partie orientale de l’Allemagne où « Wehrkunde » désignait l’instruction prémilitaire obligatoire dans le système scolaire communiste. Le vocable devenant tabou, la société se rebaptise « Gesellschaft fur Wehr- und Sicherheitspolitik » (Société pour la politique de sécurité et de défense). Son objectif reste inchangé « sensibiliser l’opinion, et d’abord ses multiplicateurs (médias, élus, dirigeants de toutes sortes), aux problèmes de sécurité et de défense » dans un pays où on entend parfois dire : « Qu’avons-nous encore besoin de forces armées, puisque Gorbi (1) est là ? ».
Ce changement de nom ne va pas sans nostalgie chez certains, mais il n’entraîne que des retouches mineures aux statuts. Ainsi, à l’article 2 § 4, la société cherche à éveiller la conscience de la nécessité permanente de protéger la paix et la liberté ainsi que la souveraineté de l’Allemagne, à entretenir dans ce but l’aptitude indispensable à se défendre (au lieu de : « à promouvoir l’aptitude d’ensemble à se défendre »). L’article se termine ainsi : « et à s’engager pour un développement en commun de l’Europe et une coopération dans le cadre de l’Alliance atlantique, ainsi qu’à développer et renforcer l’indépendance de l’Allemagne », alors que le texte initial voulait seulement « renforcer la coopération dans l’Alliance atlantique et s’engager pour une entente européenne ».
• L’éditorial de Wolfram von Raven insiste sur la nécessité pour l’Otan de développer « Une stratégie de prévention ». Le nœud gordien doit désormais être dénoué patiemment et non plus tranché brutalement. La stratégie, cet « art d’utiliser les combats en vue du but final de la guerre » (Clausewitz) devient aussi celui « d’atteindre la paix par le moyen de négociations qui doivent obligatoirement inclure ces autres moyens militaires de la politique » évoqués par le penseur du XIXe siècle. « La construction d’un concept de prévention (des hostilités), tâche à laquelle se voue l’Otan, doit se concentrer sur l’art de maîtriser les crises. Choisir et perfectionner les possibilités de définir les risques et de bénéficier des opportunités, telle est la solution du problème consistant à éviter la guerre et à assurer la paix, tout particulièrement pour l’Allemagne dans son ensemble, obligée d’exiger la protection de frontières qu’elle est hors d’état d’assurer par une défense de l’avant de style traditionnel ».
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