Défense à travers la presse
Avant d’en venir à ce qui restera l’événement majeur de cet été, l’annexion du Koweït, il convient de retenir les commentaires les plus significatifs qui ont suivi la conférence atlantique de Londres, début juillet. Ses conséquences sont en effet des plus importantes, même si la doctrine stratégique de la France ne s’en trouve pas modifiée, ce que nos confrères n’ont pas pris vraiment soin de souligner.
Libération, sous la signature d’Alfredo Valladao, dans son numéro du 6 juillet 1990, parle de chambardement des dogmes stratégiques :
« George Bush s’est en effet attaqué aux fondements mêmes de la raison d’être de l’Otan ainsi qu’aux deux piliers de sa stratégie militaire, la réponse flexible et la défense de l’avant. Son objectif affiché est de faire de l’Otan une organisation de sécurité collective qui garantit la stabilité en Europe et non plus une simple alliance militaire campant l’arme au pied face à la menace soviétique… En matière nucléaire, le président américain propose que l’arme atomique ne soit brandie qu’en dernier recours. Le concept de dernier recours, l’élimination de tous les barreaux inférieurs de l’échelle nucléaire sans retour à la vieille doctrine des représailles massives, cela ressemble aux nouvelles conceptions stratégiques en vogue parmi les experts outre-Atlantique, dont la fameuse dissuasion sélective (discriminate deterrence). Cette dernière estime que le nucléaire ne peut dissuader que le nucléaire adverse. Quant aux menaces classiques, il faudrait y répondre par la possession d’un arsenal d’armes conventionnelles high-tech. Autre victime du réformisme américain : la défense de l’avant. Celle-ci préconise l’accumulation de forces en ligne aux frontières mêmes de l’adversaire. George Bush propose de remplacer cette stratégie du mille-feuille par celle du pain aux raisins : des unités mobiles distribuées de-ci de-là sur le territoire de la seule RFA (République fédérale d’Allemagne). Ce type de déploiement a un caractère indubitablement plus défensif et vise donc à rassurer les Soviétiques ».
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