Institutions internationales - L'entrée inopinée de la livre sterling dans le Système monétaire européen (SME) - L'Allemagne modifie le calendrier de l'Union économique et monétaire (UEM)
C’est par un coup de théâtre fort bien agencé que la livre sterling est entrée dans le SME. On savait depuis la Conférence de juin 1989 à Madrid que Mme Thatcher, Premier ministre du Royaume-Uni, n’était plus foncièrement hostile à une telle initiative mais, ne cessait-elle de répéter, elle ne serait prise qu’au moment opportun. Une manière de différer sans cesse la décision, pensaient tous les observateurs. Or, voici que le vendredi 5 octobre, juste avant la clôture de la Bourse, le chancelier de l’Échiquier (ministre britannique de l’Économie), M. John Major, annonce l’intégration de la devise britannique dans le SME à des conditions qu’il fixe lui-même, ne laissant au Comité monétaire de la Communauté économique européenne (CEE) que le soin de les approuver le lendemain.
De la sorte, la livre est entrée dans le mécanisme de change européen dès le lundi 6 octobre, au taux pivot voulu par le Trésor britannique de 9,89 francs et avec une marge de fluctuation de 6 %, comme la peseta espagnole.
Pourquoi cette décision apparemment brusquée ? Il y a tout d’abord des considérations de politique intérieure. Le congrès du Labour (parti travailliste) s’achevait à peine et avait fait de l’adhésion de la livre au SME son cheval de bataille. La volte-face du gouvernement lui ôtait la vedette. De plus, Mme Thatcher espère que ses nouvelles dispositions monétaires entraîneront une baisse de l’inflation, donc un regain de popularité en cas d’élections anticipées. Pour relancer sa cote dans les sondages, n’a-t-elle pas baissé d’un point les taux d’intérêt ? Une mesure qui a son importance quand on connaît le degré d’endettement des Anglais. Ainsi cherche-t-elle à consolider la position des conservateurs, mais aux yeux de l’électorat, le véritable instigateur de cette initiative attendue par les chefs d’entreprise, donc le bénéficiaire, ne sera-t-il pas finalement M. John Major ?
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