Faits et dires
* Dans l’état présent des forces en Europe, l’Otan est nécessaire et doit maintenir sa cohésion, Allemagne unifiée comprise. Mais il sera bon de retoucher son contenu strictement militaire qui lui donne l’allure, à mon sens dépassée, du bloc contre bloc. Ce faisant, l’Alliance s’ouvrira à tous les problèmes politiques de sécurité relatifs à l’équilibre européen, étant entendu que son champ géographique restera celui qu’a fixé le traité et que la France y gardera son statut. En perspective, je souhaite qu’un jour l’Europe assure elle-même sa sécurité. En pratique, cela n’est pas réalisable de sitôt.
Président Mitterrand, au Monde le 20 juin 1990
* Il n’est pas question pour nous de réintégrer, de quelque manière que ce soit, les structures militaires alliées. La France et la République fédérale d’Allemagne (RFA) ont lancé l’initiative d’une union politique qui pourrait englober, dans un horizon sans doute plus lointain, les questions de sécurité. Une institution telle l’Union de l’Europe occidentale (UEO) peut être un outil très utile pour favoriser l’émergence de cette action commune des Européens dans le domaine de la défense.
M. Chevènement, ministre de la Défense, à Londres le 7 juin 1990
* À la conférence de la CSCE (Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe), à Copenhague le 6 juin, le secrétaire d’État américain James Baker a tenu à préciser que si la CSCE était appelée à jouer un jour un rôle élargi, elle ne pourrait pour autant prendre le relais de l’Otan qui reste la pierre angulaire du nouvel ordre de sécurité en Europe.
* Une Allemagne unifiée doit avoir le droit, reconnu dans l’Acte final d’Helsinki, de décider d’être ou non partie à un traité d’alliance. Il importe, pour assurer la stabilité de l’Europe et répondre aux vœux exprimés par le peuple allemand, que l’Allemagne unifiée soit membre à part entière de l’Alliance et de sa structure militaire intégrée, sans préjudice des prises de position concernant le non-déploiement des forces de l’Otan sur le territoire actuel de l’Allemagne de l’Est.
Communiqué des ministres de l’Alliance, à Turnberry (Royaume-Uni) le 8 juin 1990
* L’Otan reste la seule institution qui puisse envisager les questions politiques et de sécurité dans une dimension transatlantique.
M. Manfred Wörner, Secrétaire générale de l’Otan,
le 21 juin 1990 à l’Ifri (Institut français de relations internationales)
* Tant que l’Alliance occidentale existe, le Pacte de Varsovie doit également exister.
Général Louchev, commandant en chef des forces du Pacte, le 15 juin 1990
* L’Union soviétique pourrait accepter l’adhésion de l’Allemagne nouvelle à l’Otan si les États-Unis acceptaient une formule de membre associé et le principe du rapprochement des blocs, en corrélation avec le processus de réunification de l’Allemagne au cours duquel les engagements actuels resteraient inchangés en RFA comme en RDA (République démocratique allemande).
À cette déclaration de M. Gorbatchev devant le Soviet suprême, le 12 juin 1990, le chancelier Kohl [RFA] a aussitôt réagi, la jugeant irréaliste et inacceptable : « Pour moi, il est clair que l’Allemagne unie doit rester membre de l’Otan et qu’elle ne doit pas être singularisée », a-t-il affirmé le jour même.
* L’Union soviétique, par l’entremise de M. Chevardnadze, ministre des Affaires étrangères, a proposé aux puissances alliées, lors de la cérémonie mettant fin au passage de Check-point Charlie à Berlin, que toutes les troupes d’occupation quittent Berlin dans un délai de six mois après l’unification de l’Allemagne.
Berlin, le 22 juin 1990