Faits et dires
• Le Koweït occupé, rien n’est possible ; le Koweït évacué tout le devient. Alors s’ouvrira le temps du dialogue. Je souhaite qu’il s’organise dans le cadre d’une ou plusieurs conférences internationales où ne sera éludée aucune question : ni le droit d’Israël à la reconnaissance et à la sécurité, ni le droit des Palestiniens à posséder une patrie, ni le droit du Liban à son intégrité, ni le droit de tous.
Président François Mitterrand, le 31 décembre 1990
• La logique de la dissuasion consiste avant tout à maintenir quoi qu’il arrive un bon outil de défense pour ne pas être pris au dépourvu et rester capable de contenir les conflits en dessous du seuil de la guerre.
M. Chevènement, ministre de la Défense,
dans Armées d’aujourd’hui du mois de janvier 1991
• Chronologie des événements dans le Golfe (suite) :
3 janvier 1991 : le président Bush propose à l’Irak une rencontre de M. James Baker, secrétaire d’État des États-Unis, avec M. Tarek Aziz, ministre irakien des Affaires étrangères, entre le 7 et le 9 janvier. Bagdad accepte le lendemain, optant pour le 9 à Genève. Lors de la cérémonie des vœux à l’Élysée, le président Mitterrand insiste : « Le dialogue n’est possible que par le respect ou le retour au droit ». Les Douze proposent à M. Tarek Aziz de les rencontrer le 10 à Luxembourg : l’offre sera rejetée.
6 janvier 1991 : l’Iran demande une réunion extraordinaire de la Conférence islamique.
9 janvier 1991 : l’entrevue, à Genève, entre les chefs de la diplomatie américain et irakien se solde par un échec. Aussitôt, sans mandat du Conseil de sécurité, M. Perez de Cuellar, secrétaire général de l’ONU, décide de se rendre à Bagdad. Dans une conférence de presse, le président Mitterrand affirme que dès le 15 janvier 1991 la guerre sera légitime.
13 janvier 1991 : le secrétaire général de l’ONU, après une vaine entrevue avec le président Saddam Hussein, demande aux croyants de prier pour la paix. À Washington, le Congrès autorise le président Bush à avoir recours à la force.
14 janvier 1991 : la France soumet au Conseil de sécurité un plan en six points demandant à l’Irak de manifester son intention de quitter le Koweït, lui garantissant qu’il ne serait pas attaqué et prévoyant ensuite le règlement des autres conflits du Proche-Orient. Cette ultime initiative n’aura pas de suite.
16 janvier 1991 : par 523 voix contre 43, l’Assemblée nationale française vote en faveur d’un recours à tous les moyens pour faire appliquer les résolutions de l’ONU. Le soir même, le président Mitterrand fait savoir à la télévision que toute la nation doit se sentir engagée.
17 janvier 1991 : à 1 heure (heure de Paris), les forces aériennes de la coalition sont passées à l’attaque contre l’Irak.
18 janvier 1991 : les forces irakiennes lancent des missiles Scud sur Israël, atteignant Tel-Aviv et Haïfa. Le président Bush intervient auprès du cabinet israélien pour qu’il n’y ait pas de riposte afin de sauvegarder la cohésion de la coalition anti-irakienne. Israël se range aux arguments américains tout en restant décidé à répliquer le moment venu. Les alertes se succèdent en Israël et en Arabie saoudite. Washington importe des missiles d’interception Patriot en Israël.
20 janvier 1991 : le président Mitterrand affirme que le but de la France est le même que celui des États-Unis, la libération du Koweït « qui suppose bien entendu des opérations de guerre en Irak aussi ». Les États-Unis protestent contre les mauvais traitements infligés aux prisonniers de guerre.
22 janvier 1991 : alors que l’opération Tempête du désert se poursuit sans produire les effets escomptés, les Irakiens ouvrent les vannes de pompage d’Al Ahmadi provoquant une marée noire sur les côtes d’Arabie.
26 janvier 1991 : des avions irakiens, chasseurs bombardiers et appareils de transport atterrissent en Iran : désertions, opération de refuge ou manœuvre ? Téhéran affirme que ces appareils et leurs équipages seront saisis jusqu’à la fin des hostilités.
27 janvier 1991 : le ministre israélien de la Défense, Moshé Arens, affirme que l’Irak a franchi « la ligne rouge » et qu’une riposte de l’État hébreu aura lieu au moment choisi.
28 janvier 1991 : à un journaliste de la chaîne américaine CNN, le président Saddam Hussein confie que ses missiles Scud « ont une capacité nucléaire, chimique et biologique ». Le même jour, le président Bush décide de reporter sa rencontre avec M. Gorbatchev, Président de l’URSS, en raison de la guerre du Golfe et de retards dans la négociation START.
30 janvier 1991 : dans une déclaration commune, Washington et Moscou font savoir que les hostilités seraient arrêtées « si l’Irak s’engageait sans équivoque à se retirer du Koweït ». Les forces irakiennes passent à l’offensive sur la ville de Khafdji en territoire saoudien. ♦