Défense à travers la presse
Chacun tire à sa manière les enseignements de la guerre du Golfe. Les télévisions européennes veulent remédier à l’inefficacité dont elles ont fait preuve face à la chaîne américaine du magnat américain Ted Turner, CNN. Du temps d’Hérille, les batailles étaient ensuite recomposées par d’excellents graveurs ; le temps nécessaire à la tâche évitait de nouer les nerfs de l’opinion. Plus tard, nous attendions les actualités qui ouvraient les séances de cinéma : elles n’étaient pas plus objectives que les reportages auxquels nous convie la TV, mais leur fréquence hebdomadaire permettait la critique ou l’analyse en fonction d’autres sources. De nos jours, les médias électroniques entendent nous transmettre la guerre en direct, comme une nouvelle forme de spectacle ! Allons-nous devenir les Fabrice del Dongo de nouveaux Waterloo auxquels nous ne serons pas mieux initiés que lui ?
Aucun, ou presque, de nos confrères n’a manqué de publier la chronologie de ce conflit inédit. Le lecteur disposait alors du synopsis à même d’expliquer, après coup, les images dont fut abreuvé le téléspectateur. Au moins lui était-il donné, comme dit Pascal, de jeter un seul regard sur la chose ! La plupart des journaux ont préféré se pencher sur le sort du monde arabe au lendemain de la défaite de l’Irak, facteur important mais qui ne relève pas de cette chronique. Il n’en demeure pas moins que les États coalisés ne peuvent faire abstraction de la manière dont vont réagir désormais les pays arabes. C’est ce qu’a tenu à souligner Serge July dans Libération du 1er mars 1991 :
« Cette guerre est un boomerang qui reviendra très vite sous la forme nationale palestinienne : l’Amérique a en effet contracté des dettes vis-à-vis de ses alliés arabes. D’une certaine manière, les États-Unis n’ont jamais été aussi dépendants ».
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