Défense en France - « Armées 2000 » : des principes à la mise en œuvre
Le contrôleur général des armées Jean-François Lazerges expose avec beaucoup de clarté les principes qui président à la réorganisation du plan « Armées 2000 », et l’ampleur d’une réforme qui touche à tous les domaines : les objectifs opérationnels, les structures, la gestion des unités et des services. Sur un grand nombre de points, il apporte des précisions qui rassureront les échelons d’exécution qui n’auraient pas compris parfaitement la logique et les acquis positifs de cette réforme : continuité du commandement du temps de paix au temps de guerre, raccourcissement des circuits, autonomie des forces par rapport au territoire. Il reste que la complexité des problèmes posés et l’importance des changements envisagés nécessitent une adaptation progressive et des aménagements qui n’ont pas encore trouvé toutes leurs conclusions. La présente chronique se propose de souligner les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du plan, et les réflexions qu’elles suggèrent, en étendant l’analyse aux trois armées ainsi qu’à la défense civile et économique.
La genèse du plan
Le plan initial, annoncé le 20 juin 1989 et lancé le 6 juillet par neuf notes du ministre, a subi des modifications successives touchant au découpage territorial, au calendrier et à l’organisation des forces. Les circonscriptions militaires prévues à Amiens, Châlons-sur-Marne et Strasbourg ont été transférées à Lille et Metz. La circonscription de Paris est devenue commandement militaire, indépendant de la région de Bordeaux. Le début de la réforme territoriale, envisagé dans le Nord, a commencé dans la région lyonnaise, où son expérimentation devait se dérouler du 1er septembre 1990 au 31 décembre 1991. Le 24 août 1990, cinq décrets contresignés du Premier ministre, et deux arrêtés, ont précisé les modalités de cette expérimentation et les dérogations qu’elle entraîne aux dispositions administratives en vigueur. Lors d’une visite de membres du cabinet du ministre à Lyon, le 26 octobre 1990, certains aménagements ont été reconnus nécessaires. Le démantèlement du corps d’armée de Baden et son transfert en métropole décidés le 22 août 1990 ont bouleversé l’organisation envisagée pour les forces de manœuvre. Un préfet maritime a été maintenu à Cherbourg. La région aérienne de Metz a été transférée à Villacoublay. Les fonctions des grands commandements opérationnels de l’Armée de l’air ont été modifiées le 19 décembre 1990. Enfin, le 29 janvier 1991, M. Chevènement a décidé de généraliser le plan « Armées 2000 » à l’ensemble du territoire à compter du 1er septembre 1991 (1). La dissolution de formations du 2e Corps d’armée (CA) se poursuivra en 1992, mais on ignore si des unités resteront en Allemagne (voir chroniques de janvier et mars).
Priorité à l’opérationnel
Comme le montre le CGA Lazerges, la continuité du temps de paix aux temps de crise et de guerre se traduit par l’autonomie des 2 chaînes de commandement (2) :
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