Armée de terre - Le Centre de relations humaines (CRH) de l'Armée de terre
Le Centre de relations humaines (CRH) est, par définition, l’organisme qui connaît le mieux l’Armée de terre. Placé sous la responsabilité du général major général afin de renseigner au mieux le Chef d’état-major de l’Armée de terre (Cémat), il appartient au centre de recueillir les opinions et les attentes des personnels telles qu’elles sont exprimées par les intéressés eux-mêmes.
Depuis 1982, le CRH a adressé plus de 65 000 questionnaires individuels dans les formations de l’Armée de terre – une moyenne de 10 000 « sondés » par an sur les trois dernières années – et tous les corps ont été touchés. Ses « enquêteurs » ont également conduit près de 2 000 entretiens individuels dans quelque 200 organismes.
Puissant institut de sondage
Société d’audit en matière de ressources humaines, le CRH est surtout un institut de sondage parmi les plus puissants. Seule l’Armée de terre possède un organisme de ce genre, dont la fiabilité des résultats tient d’abord au nombre impressionnant de questionnaires qui lui reviennent dûment remplis.
La qualité d’un sondage repose en premier sur celle de l’échantillon retenu. Celui-ci doit être un modèle réduit de l’Armée de terre, ou de la catégorie étudiée, reproduite dans sa plus grande diversité. Grâce aux fichiers et aux tirages au sort informatiques de la Direction du personnel militaire de l’Armée de terre, cette reproduction est exacte pour les sondages du CRH, alors qu’elle n’est qu’approchée pour ceux des instituts civils qui ne possèdent pas de sources aussi précises que celles de la DPMAT.
Une personne sur trente en moyenne est interrogée lors d’un sondage au sein de l’Armée de terre, contre une sur trente mille environ dans un sondage en milieu civil ; ses échantillons sont de ce fait d’une définition extrêmement plus précise. Enfin, pour 100 questionnaires envoyés, 97 au minimum reviennent renseignés, alors qu’un « sondeur » civil est très satisfait d’obtenir un taux de retour de 40 % pour une enquête « postalisée ».
Théories spécifiques
Traitées au CRH même, grâce à un important équipement informatique, les données tirées des questionnaires reçus sont transformées en résultats statistiques (une enquête moyenne peut, par exemple, produire de l’ordre de 400 000 pourcentages). Ceux-ci sont analysés par des professionnels. Comme dans les différents domaines où l’on ne peut se permettre d’approximation, la connaissance des personnels nécessite tout particulièrement l’emploi de spécialistes. Ainsi, les cinq officiers du CRH « chargés d’enquête » sont tous au minimum en possession d’une maîtrise en sciences humaines (1).
Pour les enquêtes qualitatives, le recueil de données se fait principalement au moyen d’entretiens individuels au sein des formations. Les officiers du CRH étant en nombre insuffisant pour effectuer ce recueil, ils se démultiplient en embauchant des consultants civils qui sont, eux aussi, des professionnels reconnus et choisis. Ils apportent à l’Armée de terre un autre regard et le fruit d’expériences menées dans diverses institutions, enrichissant ainsi les enseignements issus des enquêtes.
Pour concevoir comme pour exploiter celles-ci, les méthodes les plus récentes sont mises en œuvre et s’appuient sur les données de la sociologie et de la psychologie. C’est en particulier à partir de ces sciences que le CRH a élaboré une théorie de la « Satisfaction d’être militaire » (SEM) spécifique à l’Armée de terre, ainsi que les outils de mesure et de présentation correspondants. Exemple d’outil de visualisation : la « queue de paon » qui résume en un seul croquis les milliers de chiffres d’une enquête, souvent indigestes à la plupart des autorités destinataires (voir croquis).
Graphique - La satisfaction d’être militaire
Formation militaire
La queue de paon représente les 15 dimensions de la SEM et les scores obtenus pour chacune d’elles au sein d’une catégorie donnée de militaires. Chaque dimension (chaque plume) est une des composantes de la satisfaction des personnels et elle est caractérisée par deux paramètres : la longueur du rayon qui correspond au niveau de satisfaction des individus dans cette dimension, et l’angle d’ouverture qui visualise l’importance – le poids – que cette dimension a pour le moral des individus. Dans cet exemple, 80 % des personnels sont satisfaits du travail qu’ils effectuent et cet aspect de la vie militaire arrive au 2e rang d’importance pour la catégorie interrogée.
Le CRH conduit plusieurs types d’études. Les enquêtes générales et périodiques concernent l’ensemble des personnels de carrière et sous contrat ainsi que les appelés. Réalisées tous les deux ans, elles couvrent la totalité des domaines afférents à l’état militaire. Confié au CRH en 1987, le rapport sur le moral est venu compléter le système global de recueil d’informations et il fait désormais l’objet, chaque année, de traitements statistiques toujours plus rigoureux.
Les enquêtes particulières correspondent, elles, à des demandes plus « ciblées ». Elles ont porté, par exemple, sur le choix des armes à Saint-Cyr, les effets psychologiques du combat (2), le problème des mutations, l’habillement, l’information interne, le logement en région parisienne, les activités des corps de troupe, la mesure de la Capacité psychosociologique des unités (3), la mobilisation, le contrat initial des sous-officiers, le recrutement des Volontaires militaires féminins (VMF)…
Toutes les grandes populations de l’Armée de terre sont sondées au moyen des enquêtes générales. Les études particulières, en revanche, ne touchent que les sous-populations spécifiques concernées par le sujet de l’étude. Cela a déjà été le cas, par exemple, des informaticiens, des jeunes sous-officiers, des militaires affectés en région parisienne, ou encore des Officiers de réserve spécialistes d’état-major (Orsem), des cadres spécialisés dans l’infrastructure, dans la mobilisation, dans la gestion des personnels, dans l’information…
Nombreuses applications
De nombreuses mesures ont déjà été prises dans le prolongement direct de ces enquêtes : plan d’action pour la diminution des charges dans les unités, création du journal Terre Magazine, projet de restructuration des Centres de documentation de l’Armée de terre (CDAT), création de filières d’emploi pour les aspirants, choix de la nouvelle tenue de l’Armée de terre, création du centre d’étude de la sélection des personnels, mesures relatives à l’accueil dans les formations… Et si les études du CRH ne sont pas toutes suivies d’effets immédiatement perceptibles, toutes sont prises en compte dans les décisions importantes, même si cela ne se sait pas toujours.
En effet, le résultat des enquêtes ne doit être communiqué le plus souvent aux personnels concernés qu’avec beaucoup de prudence. L’impartialité des constats du CRH les rend parfois indiscrets. La tendance est cependant vers un élargissement de l’information « en retour », tant à propos des données recueillies qu’en ce qui concerne les décisions qui en ont découlé.
Alain Lavère
(1) Quatre possèdent un doctorat.
(2) La brochure : « Force et calme des troupes », diffusée à la fin de 1989, est l’une des suites concrètes de cette étude.
(3) La Capsu permet d’évaluer le « moral guerre » des unités.
Information
Le Centre d’études et de recherches de l’École supérieure de guerre diffuse ses travaux sous forme de dossiers dans une nouvelle collection : « Recherches et stratégies ».
Ces dossiers sont en vente au CERESG, Direction des études ESG, 1, place Joffre, 75007 Paris. S’informer auprès de cet organisme.
Le dernier dossier disponible traite de la « Stratégie sécuritaire de l’Europe ».