Juin 1991 - n° 521

À l'occasion de la guerre du Golfe, l'auteur nous présente une remarquable synthèse des enseignements militaires qu'il en a tirés. En outre, il en déduit quelques principes nouveaux qu'il estime souhaitable d'appliquer à l'Alliance atlantique afin de la rénover. Lire les premières lignes

  p. 11-21

Colloque - Le Golfe et son environnement (I)

En plein cœur de la crise du Golfe, le conseil d’administration du Comité d’études de défense nationale et la Fondation pour les études de défense nationale ont décidé d’y consacrer la journée d’études qu’ils organisent traditionnellement ensemble au mois de mars. Au moment où ils ont pris cette décision, on ne savait si cette crise aboutirait à une guerre ni quelles en seraient la date, les modalités et l’issue. Mais notre conviction était qu’au-delà de cette crise, la région dont elle était à la fois le théâtre et l’enjeu demeurerait au centre des préoccupations internationales, qu’elle pourrait être à nouveau le champ de nouvelles crises, de nouveaux conflits, et que leur règlement déterminerait, pour une grande part, le maintien de la paix dans le monde. Lire la suite

  p. 23-30

Je me sens comme le chrétien au cirque face aux lions de l’actualité, car il faut être sans complexe pour oser traiter, quelques jours après la guerre du Koweït, des rapports de forces militaires dans la région du Golfe. Aussi, ferai-je face avec prudence en développant trois points : situer le Golfe dans le « stratomonde » dans lequel nous sommes entrés par la triple clôture physique, spatiale et médiatique, qui s’est instaurée depuis les années 50 ; préciser le rôle militaire tenu sur place par trois puissances extérieures à cette région ; analyser les acteurs régionaux eux-mêmes. Lire les premières lignes

  p. 31-42

La matière dont j’ai à traiter, matière culturelle, est essentiellement mouvante. La définition même de la culture laisse à désirer. Il y a quelques années, des auteurs américains avaient consacré tout un livre aux définitions de la culture : on en a compté une cinquantaine et encore était-ce avant les révolutions dites culturelles ! Autant dire que mon exposé sera aussi mouvant que la vie elle-même. Ernest Renan considérait que l’histoire était une petite science conjecturale, sans doute avait-il raison et je crois que celle de la culture l’est encore plus, n’en déplaise aux anthropologues. Lire les premières lignes

  p. 43-50

Après avoir évoqué l’épée avec l’amiral Labouérie, la pensée et le livre avec le professeur Berque, il me revient de traiter… des fourneaux, c’est moins exaltant. Cependant, les considérations d’intendance, lorsqu’il s’agit de pétrole, peuvent être déterminantes dans la vie des peuples. En outre et depuis fort longtemps, le pétrole est lié à la diplomatie et aux armes. Les phénomènes perdurent ; je rappellerai simplement la phrase, très connue et qui a gardé toute son actualité, de Clemenceau pendant la guerre de 1914 ; s’adressant à Wilson, il lui dit : « Une goutte de pétrole vaut une goutte de sang ». C’était à l’époque de la bataille de Verdun ; la citadelle était approvisionnée uniquement par la Voie sacrée et les camions de l’armée française, qui apportaient vivres et munitions, risquaient de manquer d’essence. Cette vérité s’est à nouveau vérifiée dans les événements du Golfe. Le lien entre le pétrole et la puissance mérite donc d’être rappelé. Lire les premières lignes

  p. 51-56

Repères - Opinions - Débats

Dans notre livraison précédente, à l’occasion de l’étude faite par l'auteur sur les armes chimiques, nous annoncions son intention de nous faire part de ses réflexions sur le non-emploi de ces armes par Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe. Voici ses hypothèses raisonnées et prudentes émises. Lire les premières lignes

  p. 57-61

En novembre 1988, à l'occasion du 25e anniversaire de la mort de Kennedy, l'auteure, directrice de recherches au CNRS et spécialiste des États-Unis, avait analysé les conséquences de la guerre du Vietnam sur un quart de siècle de politique américaine. Maintenant que la guerre du Golfe a été brillamment gagnée, il semblerait que le syndrome vietnamien soit en partie effacé, et nous retrouvons une opinion publique américaine renforcée dans ses convictions sur la grandeur retrouvée des États-Unis. L'auteure nous explique toutefois que tout n'est pas si simple et qu'il reste bien des interrogations dans la politique américaine : qu'en est-il du nouvel ordre mondial, de la Pax americana, d'une éventuelle doctrine Bush… ?

  p. 63-76

Dans cet article, nous y comprendrons la position du pape Jean-Paul II pendant la crise puis la guerre du Golfe, ainsi que la vision du Vatican sur le Proche-Orient multiconfessionnel.

  p. 77-84

Cet article est le dernier d'une série de trois dont les deux premiers, parus en mars et avril de cette année, avaient pour thèmes l'évolution générale du monde et la notion d'Europe de l'Atlantique au Pacifique. Ce dernier volet est une réflexion sur la constitution d'une entente européenne confédérale, sous deux voies convergentes, avec pour la France un rôle essentiel de moteur.

  p. 85-96

Une conférence-débat sur « l'Union politique européenne » a été organisée à Paris en mars dernier par le Nouveau contrat social et l'Institut du futur présidé par M. Irnerio Seminatore. Des personnalités éminentes s'y sont exprimées, et nous sommes particulièrement heureux de publier l'intervention de l'auteur, premier secrétaire de l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris, qui a développé un point de vue britannique sur ce thème.

  p. 97-102

Le nouvel ordre international, que doit engendrer la dislocation du système Est-Ouest, paraît pour le moment bien insaisissable. Un seul principe émerge clairement : la consécration du statu quo ou plus précisément des frontières existantes. Telle est la justification de la coalition contre l’Irak de Saddam Hussein : celui-ci, en annexant le Koweït, commettait une violation grave du droit établi ; la coalition avait donc mission de rétablir l’État du Koweït dans sa souveraineté. Alors les frontières constitueraient-elles l’unique élément fixe dans un monde travaillé par des revendications multiples, par l’explosion d’aspirations communautaires ? Ainsi, au moment même où la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe réaffirme la détermination des États européens de s’« abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État », la cohésion et donc, à terme, les frontières internes de plusieurs États européens (en particulier Yougoslavie et Union Soviétique) se trouvent remises en cause. Lire les premières lignes

  p. 103-111

L'auteur, spécialiste de la Conférence sur les mesures de confiance et de sécurité en Europe, suit toujours de très près l'évolution de ces discussions et les décisions prises en ce domaine ; il ne manque pas de nous en tenir informés par des articles très clairs et très complets. Cependant, cette fois-ci, il se demande, in fine, quel est l'avenir de toutes ces négociations en raison des bouleversements de plus en plus nombreux et graves survenant en Europe de l'Est, sans oublier les suites de la guerre du Golfe. Lire les premières lignes

  p. 113-123

L'auteur, docteur es lettres et sciences humaines, spécialiste de l'Afrique australe, fait maintenant le bilan de l'action cubaine en Afrique, après nous avoir informés très clairement, en février dernier, sur l'évolution de la politique soviétique à l'égard de ce continent. Ces deux textes sont liés : ils nous montrent la faillite irrémédiable du système marxiste-léniniste, là comme ailleurs.

  p. 125-134

Le rapprochement entre la situation du sultanat de Brunei et celle de l'émirat du Koweït était tentant ; même si l'environnement n'est pas identique dans l'un et l'autre cas, des points sont très semblables : la taille, la densité de population, la richesse, une défense qui n'est pas au premier plan des préoccupations, etc. L'auteur, fidèle de la revue et spécialiste du Sud-Est asiatique, nous brosse un tableau très complet de la situation de cet État.

  p. 135-149

Dans la longue série des enseignements que nous nous efforçons de tirer de la guerre du Golfe, il ne faut point oublier la place prise par les systèmes informatisés de commandement associés aux réseaux de satellites. L'auteur nous explique fort bien, en peu de pages, que tout succès sur le champ de bataille dépend de tels systèmes et que nous-mêmes devrons faire les sacrifices financiers nécessaires à leur acquisition et à la modernisation de ceux que nous possédons déjà.

  p. 151-155

Chroniques

  p. 157-162
  p. 163-171

Dans sa première partie cette revue de la presse pourra étonner le lecteur puisqu’il n’y sera pas question de défense au sens strict du terme. Il est pourtant bien impossible, une fois obtenue la victoire, de se désintéresser de ses effets directs, surtout lorsqu’ils ont pour conséquence de modifier le droit international. Lire les premières lignes

  p. 172-175
  p. 176-180

En conduisant à bien, les 10 et 11 avril 1991, le grandiose forum consacré à la sécurité de l’Europe, les officiers stagiaires de la 103e promotion de l’ESG ont fait la preuve d’un sens de l’organisation, d’un travail d’équipe, d’une ouverture d’esprit et d’un souci de la communication qui ont fait l’admiration de tous les participants. Dix-sept Écoles de guerre étrangères étaient au rendez-vous. On attendait 1 300 auditeurs, il y en eut mille de plus, dont 400 étrangers et 250 journalistes, pour écouter 150 intervenants traduits en simultané par 50 interprètes. Les horaires prévus furent strictement respectés, et le débat final a réalisé un dialogue en multiplex avec Moscou et Washington, où le maréchal Akhromeiev et le général Scowcroft, conseillers militaires des présidents soviétique et américain, répondaient en direct aux personnalités réunies en table ronde à Paris. Hors programme, des messages de Jean-Paul II et du président Abdou Diouf apportèrent leur encouragement aux auditeurs et le soutien de leur autorité aux exposés des représentants de l’Église et de l’Afrique. Lire les premières lignes

  p. 181-184

Le Centre de relations humaines (CRH) est, par définition, l’organisme qui connaît le mieux l’Armée de terre. Placé sous la responsabilité du général major général afin de renseigner au mieux le Chef d’état-major de l’Armée de terre (Cémat), il appartient au centre de recueillir les opinions et les attentes des personnels telles qu’elles sont exprimées par les intéressés eux-mêmes. Lire la suite

  p. 185-187

Parce qu’il s’est déroulé dans les airs et sur terre, en deux phases abondamment commentées par les médias, le conflit Irak-Koweït passe pour exclusivement aéroterrestre. C’est oublier le rôle d’importance qu’y ont joué les forces navales. Présentes dans le théâtre dès le début du mois d’août 1990, et toujours actives depuis que les armes se sont tues, elles ont pris largement leur part dans la préparation et le développement des opérations. Aux côtés de la puissance navale américaine, la France et douze nations occidentales ont apporté la contribution de leur marine à la résolution de ce qu’il est convenu d’appeler « la guerre du Golfe ». Lire les premières lignes

  p. 188-191

Les réserves de l’air furent instituées en 1920 dans le but d’assurer l’entraînement et le maintien en condition de personnels navigants. En effet, la taille atteinte par les aviations militaires au cours de la Première Guerre mondiale – 3 500 appareils français en ligne à la fin de 1918 – semblait imposer pour le temps de paix la constitution de réserves aériennes. Lire les premières lignes

  p. 192-195
  p. 196-203

• La défense de l’Europe de l’Ouest ne peut, pour le temps présent et pour de longues années encore, se concevoir que dans le respect de l’Alliance atlantique… Encore faut-il que cette Alliance s’adapte. Sa stratégie, son organisation, son mode de fonctionnement, ne peuvent être les mêmes, dans l’Europe des années 1980 et la suite, que ce qu’ils ont été il y a dix ou vingt ans. Lire la suite

  p. 204-204

Bibliographie

Centre de relations internationales et de sciences politique d’Amiens :  Regards sur le changement en Union soviétique  ; Puf, 1990 ; 203 pages - Pierre Morisot

L’Université de Picardie « n’a pu résister à la tentation venue de l’Est ». Son « Crispa » (Centre de relations internationales et de sciences politiques) a réuni, sous la baguette du chef d’orchestre Cao-Huy Thuan, six textes visant à « essayer de comprendre » ce qui se passe en URSS. Équilibre exemplaire : trois traitent d’aspects internationaux, trois portent sur les aspects internes. Lire la suite

  p. 205-206

Diego Brosset : Sahara, un homme sans Occident  ; L’Harmattan, 1991 ; 257 pages - Claude Le Borgne

Tous les amoureux du désert, et ils sont nombreux en ces temps de Tour Operators et de Paris-Dakar, se réjouiront de la réédition (la seconde) de ce beau roman que clôt l’émouvante apostille : Adrar, 1930. Ce n’est pas de celui du Touat dont il s’agit, ni de celui des Iforas, mais de l’austère plateau de roches noires qui est au centre de la Mauritanie, et l’imprécision du lieu témoigne de la vie nomade qu’y menait l’auteur, méhariste de la haute époque. On connaît la riche personnalité du général Brosset, officier fort en avance sur son temps. Dans Portrait d’une amitié, court essai qui précède le roman, Vercors le fait joliment revivre. Lire la suite

  p. 206-207

Ernst Weisenfeld : Charles de Gaulle, Der Magier im Elysee  ; C.H.Beck, 1990 ; 148 pages - Jean Klein

Cet essai sur le général de Gaulle est sans doute l’une des analyses les plus pénétrantes de la politique européenne du fondateur de la Ve République, parue en Allemagne ces dernières années. Son auteur est un bon observateur des réalités françaises et en qualité de rédacteur en chef de la revue Dokumente, il a contribué d’une manière significative au développement du dialogue franco-allemand. Il s’est également signalé par des travaux historiques sur la France de l’après-guerre et son dernier livre : Quelle Allemagne pour la France ? est consacré à la vision que les Français avaient de l’Allemagne à l’époque où elle était encore divisée. Lire la suite

  p. 207-208

Jean-Moulin de Labarthète : Des marins dans la tourmente  ; Nouvelles Éditions latines, 1990 ; 150 pages - Charles-Henry Clermont-Tonnerre (de)

On assure dans les popotes que les marins sont de fortes personnalités, de fins observateurs, souvent des écrivains de talent et parfois d’honorables cavaliers. À toutes ces qualités, le capitaine de corvette (er) du Moulin de Labarthète ajoute un humour souvent féroce pour témoigner de la participation de la Marine française à la Seconde Guerre mondiale, mais aussi une grande générosité puisqu’il a attribué ses droits d’auteur aux œuvres de la marine. Lire la suite

  p. 208-209

Neil Sheenan : L’innocence perdue (A bright shining lie)  ; Éditions du Seuil, 1990 ; 659 pages - Georges Bérest

Présenté par les médias comme l’ouvrage le plus documenté (émission « Apostrophes »), le livre « définitif » sur la guerre du Vietnam, ce « pavé » de 659 pages relate la guerre américaine de 1962 à 1972, à travers les aventures de John Vann, officier américain à la personnalité riche et discutable, reconverti dans l’assistance technique. Les relations de ce personnage avec les Vietnamiens, les journalistes et les généraux américains constituent la trame de ce récit. Lire la suite

  p. 209-210

Jean-Pierre Mousson-Lestang : La Scandinavie et l’Europe de 1945 à nos jours  ; Puf, 1990 ; 205 pages - Eugène Berg

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Scandinaves étaient dans l’ensemble hostiles à un « bloc occidental » ou même à une « Union de l’Europe occidentale » (UEO). Ils s’en remettaient au mythe de la sécurité collective ou exaltaient les possibilités de la collaboration nordique, manière de se référer à un long passé commun. Avec la guerre froide, cette unité de façade s’effrite. Le Danemark, la Norvège et l’Islande entraient dans la Communauté atlantique, mais la Suède et la Finlande, cette dernière plutôt contrainte, restaient fidèles à une politique de neutralité. En 1972, le Danemark rejoignit la Communauté économique européenne (CEE) alors qu’en Norvège, le peuple choisissait, à une faible majorité d’ailleurs, l’option contraire. Lire la suite

  p. 210-210

Revue Défense Nationale - Juin 1991 - n° 521

Revue Défense Nationale - Juin 1991 - n° 521

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Juin 1991 - n° 521

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