Afrique - Afrique du sud : fin légale de l'apartheid et perspectives - L'Éthiopie plongée dans la confusion
Dans un continent profondément bouleversé par l’évolution de la politique étrangère de l’URSS et par l’effondrement du marxisme-léninisme dans les pays européens, en Russie même, toutes données qui obligent les pouvoirs africains en place à rechercher des solutions à la crise qu’ils traversent, susceptibles de concilier le multipartisme et la préservation de l’unité nationale, et qui ne peuvent être que spécifiques, seule l’Afrique australe paraît devoir retrouver une certaine stabilité.
La poussée de l’intégrisme en Afrique du Nord, bien qu’elle ne soit pas assurée de faire triompher la cause de la foi, ne favorise ni la démocratisation des régimes, ni l’harmonisation des relations intermaghrébines, ni le développement d’une coopération de l’UAM avec la Communauté économique européenne (CEE) ; elle entretient, dans le domaine économique, un certain attentisme, à la fois conséquence et générateur de troubles politiques qui peuvent devenir graves. Dans les petits États de l’Afrique occidentale, les pressions populaires contraignent les gouvernements, par des réformes souvent hâtives et mal contrôlées, à abandonner le totalitarisme d’un parti unique ou à le déguiser. Le Nigeria échappe pour l’instant à ces crises : il en a connu tant dans le passé que sa population n’est plus sensible qu’aux affrontements religieux qui prennent une acuité visible dans les milieux musulmans. L’instabilité de l’Afrique orientale est causée à la fois par un reflux de l’influence soviétique qui provoque le rejet de l’idéologie marxiste, par une fièvre intégriste venue du Proche-Orient et par une volonté expansionniste de l’islam vers le Sud, ne serait-ce que pour limiter les sympathies dont pourrait disposer Israël en Afrique noire.
L’Afrique australe, en revanche, voit se résoudre les conflits les plus graves par des négociations menées avec l’aide internationale, comme ce fut le cas pour l’indépendance de la Namibie. C’est au Mozambique, qui s’est pourtant rapproché de Pretoria dès la fin de la guerre de décolonisation et où l’idéologie marxiste a été abandonnée sans trop de résistance, que la paix a le plus de mal à s’imposer. Le président Chissano a fait pourtant preuve de bonne volonté en faisant adopter, en novembre 1990, une Constitution établie sur le modèle de celle dont s’était dotée l’Algérie un an plus tôt : fondée sur le multipartisme, elle permet aussi aux Blancs et aux Indiens très minoritaires d’accéder aux responsabilités nationales. Des élections générales auront lieu en 1992, même si la RENAMO (Résistance nationale du Mozambique) n’accepte pas le cessez-le-feu. Après une tentative de parvenir à un accord avec les rebelles par l’intermédiaire des chefs d’État du Kenya et du Zimbabwe, qui ne donna aucun résultat, six conférences furent réunies à Rome grâce à l’entremise de l’évêque de Beira, Mgr Gonzalves, appartenant à l’ethnie Ngau comme Alfonso Dhlakama, le chef des guérilleros, grâce à celle aussi de la communauté catholique Santo Egidio et en présence d’une personnalité officielle italienne. M. Domingo, chargé des Affaires étrangères de la RENAMO, refusa tout accord et parut même se raidir devant les concessions du FRELIMO (Front de libération du Mozambique) : abandon des références idéologiques et recours à l’arbitrage de l’électorat. En même temps, l’organisation des Napramas, force supplétive dirigée par Manuel Antonio, mieux adaptée aux conditions locales que l’armée, permit de porter de rudes coups aux rebelles dans la région du Zambèze et de retourner les populations rurales. Il ne semble pas douteux qu’on puisse arriver à s’entendre durant le second semestre de 1991, après la constitution d’un gouvernement de transition dont les membres auraient été acceptés par la RENAMO, le Mozambique restant sous la présidence de M. Chissano jusqu’aux élections. Cela permettrait de porter secours aux populations des zones troublées, qui sont ravagées par la famine et contraintes à l’exil,
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