Afrique - L'écroulement des régimes prétoriens
Les officiers qui, au fil des années d’indépendance, ont accaparé le pouvoir en Afrique sous prétexte de mettre fin à la corruption sont aujourd’hui contraints de le quitter. Tel est le sentiment que ressent le lecteur de nos quotidiens. Pour réel qu’il soit, ce phénomène reste cependant plus complexe qu’il n’y paraît. Ce n’est pas le régime militaire en soi que rejettent les populations, mais l’impéritie qui le caractérise et les orientations idéologiques dont il se réclamait.
Si l’autorité du général Habyarimana au Rwanda n’est guère contestée, le maréchal Mobutu ne jouit plus au Zaïre de son ancienne popularité et ne semble se maintenir que grâce à l’appui de l’Occident. Ailleurs, les régimes d’obédience marxiste ayant perdu leur soutien extérieur s’effondrent. On l’a vu au Bénin, au Congo, en Somalie, en Éthiopie, au Mali, comme on le voit cet été à Madagascar. Le temps n’est plus où il était de bon ton d’exalter les expériences socialistes de Somalie ou d’Algérie.
Ce qui mérite attention, c’est la manière dont les populations africaines ont su mettre fin à des régimes abusivement greffés sur leur société. Le sens de la palabre prévalant, des « conférences nationales » ont été organisées avec une entière liberté d’expression : des sortes d’états généraux. Il en est résulté une mise en accusation pacifique et déterminée du pouvoir en place. La formule a été élaborée au Bénin, où la contestation contraignit le président Kérékou à mettre un terme à la prééminence du parti unique marxiste-léniniste et à accepter de convoquer une conférence nationale en février 1990. Celle-ci ouvrit la voie à des élections présidentielles éliminant le président Kérékou.
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