Afrique - L'Afrique victime des clercs
Tout au long des années qui ont suivi l’indépendance, les pays occidentaux ont appuyé les régimes africains en place avec une double préoccupation : ne pas favoriser la déstabilisation du continent voulue par le bloc soviétique ; escompter une réelle stabilité permettant d’ouvrir la voie au développement. L’instauration du parti unique, aussi bien dans les régimes présidentiels que dans les États de style parlementaire à l’anglaise, fut admise comme une nécessité propre à assurer la cohésion politique au-delà des querelles ethniques ou claniques.
Ce temps est révolu. Le parti unique a trop longtemps favorisé le népotisme, et s’il a constitué une entrave à l’orientation démocratique des pays, ce n’est aucunement, comme on le croit généralement, parce qu’il était seul à canaliser la volonté populaire mais bien en raison de son adhésion au socialisme, même si le sens de ce choix variait d’un État à l’autre. Il pouvait être de nature marxiste ici et syncrétique ailleurs, associant socialisme à des valeurs proches de la démocratie chrétienne. Le climat intellectuel des années soixante eût-il été différent que le parti unique se serait volontiers fait le chantre d’une économie de marché. Le sort des pays africains en aurait été changé. Nul n’a voulu voir que le socialisme était inadapté à des sociétés de paysans, de pêcheurs ou de pasteurs.
La situation dans laquelle se trouve le continent dérive donc principalement du dogmatisme qu’il a emprunté à l’Occident à un moment où celui-ci, par le canal de ses universités, enseignait le sens de l’histoire à la mode marxiste ou maoïste. Les dommages ainsi causés sont probablement aussi lourds que l’effondrement du coût des matières premières. Le cœur d’une société ne bat pas seulement au rythme des cours de la Bourse, il peut lui arriver d’être asphyxié par des idéologies inadaptées. C’est le malheur qui est survenu à l’Afrique par la grâce d’esprits éclairés.
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