Faits et dires
• Le 22 mai 1992, à La Rochelle, le président Mitterrand et le chancelier Kohl ont décidé la création d’un corps d’armée franco-allemand auquel d’autres pays européens sont invités à se joindre. La déclaration commune stipule : « Les missions du corps européen s’inscrivent dans le cadre de l’Union européenne, dans le respect des limites constitutionnelles nationales et des dispositions de la Charte des Nations unies. Le corps pourra être employé pour la défense commune des Alliés, en application de l’article 5 du Traité de Washington ou du Traité de Bruxelles. Il pourra également se voir confier des missions de maintien ou de rétablissement de la paix et être engagé dans le cadre d’actions humanitaires. Un état-major de montée en puissance sera mis sur pied à partir du 1er juillet 1992 ».
• À Washington, le secrétaire à la Défense, M. Dick Cheney, a aussitôt exprimé ses réserves face à cette initiative. Sans expressément la condamner, il a rappelé que toute identité européenne de sécurité ne devrait se développer qu’au sein de l’Otan. Puis, le 22 mai 1992, il faisait savoir qu’il n’y a pas de raison pour « nous débarrasser du système d’alliances qui relient les États-Unis avec le Japon et la Corée dans le Pacifique avec nos amis, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et l’Italie au sein de l’Otan ». Le ministre italien de la Défense, M. Virginio Rognoni, considère qu’adjoindre les forces d’autres pays à un corps déjà structuré n’était pas une bonne méthode. À Bruxelles, le ministre belge de la Défense, M. Léo Delcroix, a fait savoir qu’à son avis l’Eurocorps devait dépendre d’une autorité politique qui doit être l’Union de l’Europe occidentale (UEO) et qu’il ne doit pas entraîner un affaiblissement de l’Otan.
• Devant la conférence annuelle des officiers généraux, le 14 mai 1992 à Leipzig, le chef d’état-major de la Bundeswehr (Generalinspekteur der Bundeswehr), le général Klaus Naumann, a affirmé qu’elle devait se préparer à de nouvelles missions, y compris de combat, pour prendre sa part des efforts internationaux de maintien de la paix.
• Il faut aller plus loin et renforcer la norme, les principes et les mécanismes de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE). On ne peut se contenter de délibérer pour constater que l’opposition ou le veto d’un seul suffit à bloquer les procédures… Il faut établir un véritable code de conduite entre tous les États participants, susceptible de devenir dans une étape ultérieure un traité de sécurité.
Président Mitterrand, le 14 mai 1992, en Estonie
• Selon le secrétaire général de l’Otan, M. Manfred Wörner, les Alliés se sont mis d’accord, le 21 mai 1992, pour que l’Otan contribue à des opérations de maintien de la paix en Europe à la demande et sous mandat de la CSCE. Cependant, lors de la réunion du 27 mai 1992 à Bruxelles, les ministres de la Défense de l’Alliance se sont montrés beaucoup plus réservés : il n’est pas question de subordonner l’Otan à la CSCE.
• Le laboratoire de sismologie d’Uppsala, en Suède, a fait savoir que la Chine populaire avait procédé, le 21 mai 1992, à un essai nucléaire avec une charge d’une mégatonne. Aucune expérience de cette importance n’avait eu lieu en Chine depuis 1976.
• Le Kazakhstan a formellement exprimé son intention de devenir un pays sans armes nucléaires dans un délai de sept ans. L’information a été diffusée le 10 mai 1992, à la suite d’un entretien entre les présidents George Bush et Nursultan Nazarbaev. Six jours plus tard, le Kazakhstan signait un traité d’amitié avec la Russie, texte considéré comme la base d’une future défense commune si de tels accords sont ensuite conclus par Moscou avec les autres républiques de la Communauté des États indépendants (CEI). ♦