Marine - Mission Balbuzard : le déploiement d'une force aéronavale en Adriatique
Le 28 janvier 1993, une importante force navale appareillait de Toulon vers la mer Adriatique. Son déploiement fait en ce moment peser sur des adversaires mal définis, dans un environnement confus, le poids silencieux de la mer. Notre puissance se porte à leurs rivages ; pour nos forces terrestres plongées dans l’arène, c’est un recours extérieur, disponible, efficace qui renforce leur protection et qui étend leur liberté d’action. Après un éclairage dirigé sur le contexte de cette mission, la portée stratégique en sera dégagée sous quelques aspects, puis une rapide évocation montrera la complexité des procédés mis en œuvre.
Contexte
La décision de créer une force de protection des Nations unies en Yougoslavie a été prise le 2 février 1992 par le vote de la résolution 743. Parmi toutes les résolutions qui ont suivi, quatre d’entre elles présentent un intérêt considérable au regard de l’utilisation des forces aéronavales. L’une en date du 14 août 1992 autorise le recours à la force, en dernière extrémité, pour assurer la protection des convois humanitaires (résolution 770) ; elle ouvre donc la possibilité de faire appel aux aéronefs embarqués pour soutenir des éléments terrestres en difficulté. Un mois plus tard, le mandat de la Forpronu a été élargi pour permettre la protection des convois humanitaires en Bosnie-Herzégovine (résolution 776) ; l’assistance extérieure pourrait donc s’appliquer précisément à cette région très perturbée. Au-dessus de ce même territoire, la résolution 781 du 9 octobre crée une zone d’exclusion aérienne ; les règles de comportement de nos aéronefs s’en trouvent de beaucoup simplifiées. Enfin la résolution 787 du 16 novembre 1992 instaure le contrôle effectif de l’embargo maritime : elle permet d’exécuter visites et déroutements qui n’étaient pas encore praticables.
Après le transport maritime des forces d’interposition, et après la mise en place d’une simple surveillance en mer Adriatique, s’est institué maintenant un contrôle véritable de l’embargo. Deux écrans sont établis par un groupe de navires de l’Union de l’Europe occidentale (UEO, mission Sharp Fence) et par un groupe de l’Otan (mission Maritime Guard). Surtout, ces dernières semaines ont vu le déploiement de trois importantes forces navales. L’une est américaine ; elle comprend le porte-avions Kennedy et le bâtiment d’assaut amphibie Guam. Une autre est britannique (mission Grapple) ; elle s’agrège autour du porte-avions Ark Royal et du navire de débarquement Sir Percival. La troisième est française (mission Balbuzard) ; elle associe le porte-avions Clemenceau, le bâtiment à capacités amphibie et porte-hélicoptères Foudre, quatre frégates et deux ravitailleurs.
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