Défense dans le monde - Le déminage au Cambodge
Le Cambodge compte encore aujourd’hui plusieurs millions de mines (de 4 à 7 millions, selon le département d’État américain) : elles constituent un réel obstacle à son redressement. Les importantes pertes humaines qu’elles ont provoquées et provoquent toujours ont pesé sur le retour des réfugiés et empêché l’exploitation de nombreuses terres et rizières, pourtant essentielle à la relance économique. Conscientes de ce défi, les parties signataires des Accords de Paris pour le règlement du conflit cambodgien avaient demandé que l’assistance dans le déminage soit inscrite au mandat de l’opération des Nations unies que le Conseil de sécurité était invité à créer.
La mise en place des opérations de déminage par l’ONU
Une tâche indispensable
Au moment de la définition du mandat de l’Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge (Apronuc), le déminage du Cambodge est apparu indispensable pour le bon déroulement de l’opération. Le plan de paix des Nations unies prévoyait le rapatriement des 350 000 Cambodgiens réfugiés en Thaïlande avant la tenue des élections. L’entreprise était délicate, les itinéraires de retour et les terres d’accueil comportant un risque sérieux d’être minés. Il ne pouvait y avoir de déploiement des contingents civils et militaires de l’Apronuc sans un déminage préalable des zones concernées.
Cette opération est également une condition impérative pour le relèvement du pays. La présence de mines ne contribue pas au retour d’un climat de confiance (accusations de « reminage »…). Le relèvement d’un pays comme le Cambodge ne peut s’envisager sans une reprise la plus large possible des activités agricoles. Or ces armes interdisent l’exploitation de 10 à 20 % des rizières, ce qui contraint le pays à être importateur de riz aujourd’hui encore. Outre celles-ci, de grandes étendues de terres cultivables, dans l’ouest et le nord-ouest principalement, sont impropres à l’exploitation. Le minage, en raison du nombre de victimes qu’il ne cesse de provoquer (en moyenne 300 par mois), pèse lourdement sur l’économie. Des structures d’accueil et de soins doivent être mises en place pour les quelque 36 000 amputés cambodgiens ; nombre d’entre eux, faute de pouvoir être appareillés, sont marginalisés. Enfin, l’existence de vastes zones minées (ou probablement minées) favorise l’engorgement des villes, notamment de Phnom Penh, avec tous les problèmes économiques et sociaux que cela implique.
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