Asie - Le poids diplomatique de la Chine
Après la fin de la guerre froide, les événements de la place Tian’anmen du 4 juin 1989, puis l’effondrement de l’URSS, la Chine semblait non seulement avoir perdu une posture stratégique favorable, mais aussi être l’objet d’un ostracisme difficile à surmonter. Pourtant, elle reste un pays avec qui il faut compter, plus par sa capacité de nuisance que par l’existence d’une réelle puissance planétaire. Cela est particulièrement dû au renforcement de son poids régional et à son statut de membre permanent du Conseil de sécurité.
La fin de l’affrontement entre les États-Unis et l’URSS a eu comme conséquence logique un désir de régler les différents conflits régionaux qui en étaient l’expression. Malgré son aide, directe ou par le truchement du Pakistan, la Chine n’a eu qu’un rôle mineur sur le terrain en Afghanistan. Par contre, dans une mesure difficile à évaluer car n’étant qu’un des éléments à prendre en compte par les Soviétiques, l’exigence chinoise du retrait soviétique avant toute normalisation avec Moscou a pesé dans la décision du Kremlin. Plus concrètement, la participation active des Chinois a été indispensable pour la résolution du conflit indochinois. Le Vietnam, abandonné par l’URSS pour des raisons politiques et économiques, ne pouvait longtemps espérer tenir tête à son grand voisin exigeant son retrait du Cambodge. En échange, Pékin, en retirant son soutien aux Khmers rouges, a amélioré son image de marque ternie par le massacre des étudiants. Ayant contraint les Khmers rouges à signer l’Accord de Paris, la Chine a acquis la reconnaissance des Occidentaux et des pays de l’Association des Nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) et pu amorcer, en position de force, la normalisation de ses relations avec un Vietnam isolé et ne partageant plus son idéologie marxiste qu’avec La Havane et théoriquement avec Pékin.
L’établissement des relations diplomatiques avec Séoul en 1992, alors que le Japon, malgré sa répugnance, avait été contraint d’appliquer les sanctions politiques et économiques décidées après Tian’anmen par les Occidentaux, a libéré Pékin d’une trop grande dépendance économique à l’égard de Tokyo. Cela n’a pas empêché le Japon de dépasser Hong Kong comme premier partenaire commercial de la RPC, mais la Corée du Sud, adhérant moins que le Japon aux positions politiques américaines, une solution existe dorénavant. Séoul demandait depuis longtemps la normalisation des relations diplomatiques ; il a fallu attendre que Pyongyang ne puisse plus se retourner vers Moscou au détriment de Pékin pour que cela soit possible et que la RPC force la Corée du Nord à accepter de siéger à l’ONU comme entité distincte de la Corée du Sud. L’établissement de relations diplomatiques avec l’Indonésie, Singapour et Brunei, a achevé la normalisation des relations diplomatiques avec l’ensemble des pays de la région.
Il reste 74 % de l'article à lire