C’est à partir de l’échec patent des réponses militaires occidentales aux menaces stratégiques non militaires, le terrorisme, la prolifération, la criminalité d’État, que l’on peut énoncer des règles de comportement et de déploiement des services spéciaux pour surveiller, contenir et réprimer de nouveaux adversaires.
Menaces non militaires, réponses militaires : les impasses de la politique de la canonnière
Non-military Threats, Military Responses: The Political Impasse of the Gunner
It is thanks to the obvious failure of Western military responses to strategic non-military threats such as terrorism, proliferation, and the criminality of the state, that one can enunciate the rules of behavior and deployment of special services for surveillance, containment, and repression of new adversaries.
Vers un nouveau désordre mondial
La construction européenne, l’Alliance atlantique – quels que soient les aléas et les difficultés de l’une et de l’autre – le consensus global des opinions publiques des « pays du Nord » sur la prohibition du recours à la force, l’interdépendance des systèmes économiques, joints à l’effondrement de la puissance soviétique, éloignent durablement la perspective d’un conflit armé conventionnel sur le théâtre européen ou dans l’aire atlantique. Cependant, malgré ces bouleversements profonds du contexte international depuis 1990, les appareils de défense et de relations internationales des pays occidentaux n’ont fait l’objet d’aucune mesure d’adaptation ou de mise à niveau leur permettant de faire face à la phase actuelle de transition entre un ordre bipolaire dépassé et un ordre multipolaire en gestation caractérisé par diverses formes de désordre mondial.
L’essentiel des contentieux susceptibles d’évoluer vers la violence organisée n’est plus du domaine de l’idéologie, de conceptions opposées de « l’ordre mondial » ou de la rivalité impériale entre puissances. Il oppose principalement le Nord au Sud, les sociétés nanties aux sociétés appauvries, la culture d’entreprise à la culture de rente… Dans un tel contexte, les stratégies du faible au faible et du faible au fort prédominent largement sur les stratégies de puissance fondées sur la constitution de grands corps de bataille, la mise en œuvre de moyens lourds et sophistiqués et la course aux armements de la supériorité militaire.
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