Dès l’aube de l’histoire, la Méditerranée a favorisé la rencontre, pacifique ou conflictuelle, mais le plus souvent féconde, des peuples et des civilisations. Elle entre aujourd’hui dans une phase critique de son histoire ; la crise revêt une forme aiguë et menaçante avec les deux poudrières de Chypre et de Palestine. Et cependant, les riverains aspirent de plus en plus à prendre en mains leur destin. « La Méditerranée aux Méditerranéens », l’idée fait son chemin. L’Europe ne peut y rester indifférente, même si sa réalisation est encore lointaine. Le dialogue euro-arabe est un élément nécessaire de la politique méditerranéenne.
La Méditerranée en crise – Éléments pour une politique méditerranéenne
La Méditerranée est aujourd’hui l’une des régions les plus sensibles de la planète. Certains pays de l’Europe méridionale connaissent ou sont sur le point de connaître de profonds changements. Dans le bassin oriental couvent deux foyers d’incendie qui pourraient allumer de plus vastes conflits.
Sous l’éclatant soleil du Sud, tout devrait n’être qu’ordre, clarté et raison : et pourtant, la sombre obstination des passions fait aussi partie du paysage méditerranéen. À Chypre comme en Palestine, les protagonistes, voués à d’irréconciliables fidélités, paraissent marqués du sceau de la tragédie antique.
À ce jour, la région attire la foudre pour trois raisons. Par opposition à l’Europe du Nord qui — trente ans après le partage de Yalta, avec la pérennisation des démocraties populaires et l’instauration de la détente — apparaît comme une zone stabilisée, la Méditerranée se présente comme une zone de turbulence. Au sortir de l’ère coloniale et au seuil du monde technologique, la rive sud ne paraît pas encore avoir trouvé son assise : les pays de la rive nord subissent le choc de la société post-industrielle.
Il reste 97 % de l'article à lire
Plan de l'article