Répondre à cette question, c’est découvrir l’abondance et la précision des informations scientifiques et techniques sur les armes atomiques et les missiles disponibles dans la presse spécialisée et ouverte américaine. C’est aussi mesurer la bienveillance des administrations américaines peu avares de leur expérience. Ces dispositions ont permis à la France de développer sa force nucléaire en sûreté et à un coût acceptable.
La France a-t-elle réalisé seule sa force de dissuasion nucléaire ?
Is France the Only One to Undertake the Power of Nuclear Dissuasion?
To respond to this question is to discover the abundance and precision of scientific and technical information on atomic bombs and missiles available in the specialized and open American press. It is also to measure the benevolence of American administrations that are a reticent with their experience. These provisions have allowed France to safely develop her nuclear force at an acceptable cost.
Depuis la fin des années 1980, des informations publiées aux États-Unis puis en France indiquent clairement qu’à partir du début des années 1970, la France a bénéficié d’une aide américaine pour réaliser sa force de dissuasion. Ces informations remettent en cause l’idée communément admise que la France, du fait de sa volonté d’assumer elle-même son indépendance et de ne pas s’en remettre aux États-Unis et à l’Otan, avait réalisé seule son propre armement nucléaire. Certaines publications posent même implicitement la question : la France aurait-elle pu réaliser sa propre force de dissuasion sans les États-Unis ?
Les États-Unis ont tout inventé
Avant d’évoquer ce sujet, il convient tout d’abord de rappeler un fait. Non seulement les États-Unis ont été les premiers à mettre au point la bombe atomique en 1945, mais ils ont aussi réalisé entre 1955 et 1970 toutes les percées technologiques en matière de missiles balistiques et d’armes nucléaires, et ceci avec plusieurs années d’avance sur l’Union soviétique et la France. Ils furent notamment les inventeurs de la propulsion solide, du guidage inertiel, de la miniaturisation des têtes nucléaires, des têtes multiples, du durcissement des systèmes, c’est-à-dire de la protection des missiles contre les effets des armes nucléaires adverses, mais aussi des sous-marins nucléaires et du déploiement des missiles sol-sol en silos.
Les missiles français, enfants des missiles américains
En ce qui concerne l’arme nucléaire et les missiles, les regards des hommes politiques et des ingénieurs français vont se tourner dès 1945 vers les États-Unis. Ainsi, trois phases vont se succéder dans la relation franco-américaine. La première est celle de l’immédiat après-guerre, de 1945 à 1954 où il ne se passera pas grand-chose en France, en matière de décisions liées aux armements nucléaires et où les réticences américaines à aider la France seront essentiellement liées à la présence de ministres communistes dans son gouvernement. La deuxième phase, de 1954 à 1960, voit les Américains tenter de faire valoir une aide dans le cadre de l’Otan tout en gardant la maîtrise d’emploi des armements mis à la disposition de la France et enfin la dernière phase que nous vivons encore aujourd’hui est celle du choix fait par la France d’une force nucléaire dont la décision d’emploi est purement nationale.
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